Changements climatiques : nos infrastructures en péril
Les épisodes de pluies extrêmes risquent d’être de plus en plus fréquents dans les décennies à venir.
Météorologue - MétéoMédia
Samedi 20 juin 2015 à 13 h 16 - Les températures chaudes et humides sont de retour pour la saison estivale. Ces conditions météo sont synonymes d’orages et de précipitations extrêmes. En moyenne au Québec, on compte plus d’une vingtaine d’épisodes orageux par année, qui peuvent engendrer plusieurs millimètres de pluie en quelques minutes seulement. Au fil des décennies, les changements climatiques rendent ces phénomènes météo de plus en plus extrêmes. Mais nos infrastructures vont-elles supporter à long terme les répercussions de ces changements ? C’est une question importante sur laquelle je me suis penché dans le cadre de ma maîtrise effectuée à l'UQAM.
D’après les plus récentes observations effectuées à l’échelle mondiale, il est possible d’émettre l’hypothèse que les températures sur Terre augmenteront dans les prochaines décennies. Ce réchauffement est déjà commencé et visible à l’échelle planétaire.
Neuf des dix années les plus chaudes ont été enregistrées depuis l’année 2000. Plus éloquent encore, 2014 fut la 38e année consécutive où les températures globales ont été plus chaudes que la normale. Conséquemment, il faut s’attendre à ce que les pluies extrêmes soient de plus en plus fréquentes. L’atmosphère étant plus chaude, elle contient plus de vapeur d’eau, ce qui conduit à l’augmentation des précipitations au sol. Il s’agit ici du cycle naturel de l’eau qui suit son cours.
Dans les villes, ce sont les systèmes d’égout pluvial qui seraient les plus affectés par une augmentation significative des pluies extrêmes, puisqu’ils ont été conçus selon le climat du 20e siècle. Afin d'être prêts à la nouvelle réalité climatique qui nous attend dans les prochaines décennies, les scientifiques tentent actuellement de quantifier ces augmentations. De surcroît, celles-ci ont aussi des conséquences importantes sur la gestion et la conception des infrastructures existantes et futures, spécialement pour le Québec où la production d’énergie hydro-électrique est omniprésente.
L’humain est la principale raison de cette hausse des températures et des précipitations extrêmes. (Crédit photo: Evieve Artgraphi de Québec)
En collaboration avec Hydro-Québec, nous avons comparé la fréquence et l’intensité des précipitations extrêmes enregistrées à la fin du 20e siècle (1971-2000) avec celles anticipées pour le milieu du 21e siècle (2041-2070). Les résultats de mes analyses scientifiques démontrent qu’il faut s’attendre à une augmentation de 10 à 20 % dans l’intensité des précipitations extrêmes pour le Québec, ce qui est très significatif dans un contexte climatique.
Les augmentations de ces précipitations extrêmes les plus significatives se retrouvent dans les régions nordiques du Québec, où les températures sont les plus sujettes à se réchauffer rapidement. Cette observation est d’autant plus inquiétante, que ces régions sont aussi celles les plus ciblées par les constructions futures des nouveaux complexes hydro-électriques prévus dans le plus récent « Plan Nord » du gouvernement du Québec.
Pour les régions plus près de la vallée du Saint-Laurent, les augmentations sont moins spectaculaires, mais restent significatives. C’est ainsi que les épisodes de pluies extrêmes, comme ceux qu’a connu Montréal en juin 2012, risquent d’être de plus en plus fréquents dans les décennies à venir. Les autorités devront donc tenir compte de ces résultats lors des futures constructions notamment dans le domaine de l’urbanisme.
Pouvons-nous contrer ce phénomène climatique? En fait, peu de solutions s’offrent à nous. Comme l’humain est la principale raison de cette hausse des températures et des précipitations extrêmes, il est important d’agir rapidement afin de réduire au minimum notre impact sur l’environnement. Nous avons, en tant qu’individu, notre part de responsabilité et nous devons modifier nos gestes et nos actions au quotidien. Mais, nous devons également en tant que société, opter pour des choix plus verts et plus écoresponsables. L’évolution des changements climatiques ne sera probablement pas complètement stoppée, mais leurs conséquences en seraient amoindries.
