Études: Plus il y a de pollution, plus il y a de criminalité

Vendredi 11 mai 2018 à 11 h 10 - L’impact de la pollution de l’air sur la santé humaine n’est plus un secret. Nous savons que l’exposition à des niveaux élevés de polluants atmosphériques augmente le risque d’infections respiratoires, de maladies cardiaques, d’accidents vasculaires cérébraux, de cancer du poumon ainsi que de démence et de maladie d’Alzheimer. Mais il y a de plus en plus de preuves suggérant que la pollution de l’air n’affecte pas seulement notre santé — elle affecte aussi notre comportement.

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Le plomb, par exemple, a été retiré du pétrole aux États-Unis dans les années 1970 en réponse à des préoccupations selon lesquelles les émissions des véhicules pourraient contribuer à des problèmes de comportement, des difficultés d’apprentissage et une baisse du QI chez les enfants. En particulier, l’exposition de ces derniers au plomb augmente les traits de caractère tels que l’impulsivité, l’agressivité et se traduit par un faible QI — ce qui peut influencer le comportement criminel. Cette nouvelle politique a depuis été liée à une baisse de 56 % des crimes violents dans les années 1990. 

L’exposition à court terme à la pollution de l’air, en particulier le dioxyde de soufre, a été associée à un risque élevé d’hospitalisations pour des troubles mentaux à Shanghai. Et à Los Angeles, une étude a conclu que des niveaux plus élevés de pollution augmentent le comportement délinquant des adolescents dans les quartiers urbains. 

Comportement criminel 

Les preuves, jusqu’à présent, suggèrent que la pollution de l’air a la capacité d’augmenter les mauvais comportements — en particulier chez les jeunes. Mais d’autres recherches indiquent qu’ele peut avoir des impacts encore plus graves. Une étude de la pollution de l’air et de la criminalité dans 9 360 villes américaines suggère que la pollution de l’air accroit la criminalité. L’air pollué augmente l’anxiété, qui peut à son tour conduire à une augmentation du comportement criminel ou contraire à l’éthique. 

L’étude a conclu que les villes ayant des niveaux de pollution atmosphérique plus élevés présentaient des taux de criminalité plus élevés. 

Des recherches récentes au Royaume-Uni fournissent plus d’informations sur cette question, en comparant les données de 1,8 million de crimes sur deux ans avec des données sur la pollution provenant des arrondissements et des quartiers de Londres. L’analyse a tenu compte de facteurs tels que la température, l’humidité et les précipitations, les jours de la semaine et les différentes saisons. 

L’indice de qualité de l’air (IQA) indique à quel point l’air est propre ou pollué chaque jour. Les chercheurs ont constaté qu’une augmentation de 10 points dans l’IQA augmente le taux de criminalité de 0,9 %. Les niveaux de criminalité à Londres sont donc plus élevés les jours les plus pollués. L’étude a révélé que la pollution de l’air influençait la criminalité dans les quartiers les plus riches et les plus pauvres de Londres. 

Plus précisément, les résultats ont établi un lien entre les niveaux élevés de pollution de l’air à Londres et l’augmentation de la petite criminalité, comme le vol à l’étalage et le vol à la tire. Notons toutefois que les chercheurs n’ont trouvé aucun impact significatif sur les crimes graves tels que le meurtre, le viol ou les agressions ayant entraîné des blessures graves. 

Le facteur de stress 

L’exposition à de l’air de mauvaise qualité peut augmenter le cortisol, une hormone du stress, qui peut influencer la perception du risque. Des niveaux plus élevés de prise de risque sont l’une des raisons pour lesquelles il y a une augmentation de l’activité criminelle les jours pollués. Les chercheurs concluent que la réduction de la pollution de l’air pourrait réduire la criminalité.

Le smog : la recette d’une mauvaise conduite. 

Il devient clair que les effets de l’air pollué vont au-delà des impacts bien connus sur la santé et l’environnement. Pourtant, la pollution de l’air reste élevée dans de nombreux pays. Selon l’Organisation mondiale de la santé, neuf personnes sur dix dans le monde respirent maintenant de l’air toxique. 

Il y a encore beaucoup de choses que nous ne savons pas sur la façon dont les polluants atmosphériques peuvent affecter notre santé et notre comportement, et comment les effets diffèrent selon le sexe, l’âge, la classe, le revenu et l’emplacement géographique. Mais le fait qu’une mauvaise qualité de l’air est néfaste pour notre santé physique et mentale n'est plus un secret. 

Une action concertée des autorités nationales et locales est aujoud'hui indispensable pour s’attaquer à ce problème de façon à développer des transports plus durables, à utiliser plus efficacement de l’énergie et à améliorer la gestion des déchets.

Source : The Conversation