La montée des énergies renouvelables n’a pas ralenti les combustibles fossiles

Les sources d'énergie renouvelables ont continué à se développer de façon spectaculaire l'année dernière, mais les combustibles fossiles restent tenaces.

Croissance record des énergies renouvelables en 2021

Selon un nouveau rapport, Renewables 2022, l'énergie solaire et l'énergie éolienne se sont combinées pour combler plus de 10% des besoins annuels en électricité dans le monde. Il s’agit là d’une percée inédite ayant marqué l’année 2021.

Malgré les ralentissements causés par la pandémie, et dans un contexte de hausse des prix mondiaux des matières premières, qui a eu des répercussions sur les projets d'énergie verte en perturbant la chaîne d'approvisionnement, les énergies renouvelables ont connu une croissance record l'année dernière. Celle-ci est due en grande partie à l'économie.

Le rapport indique que le coût des projets solaires photovoltaïques a chuté de 89 % au cours de la dernière décennie. Il qualifie les énergies renouvelables de « source d'énergie la plus abordable pour améliorer la résilience et soutenir la décarbonisation.» Dans son analyse des résultats, Tom L. Green, conseiller principal en politique climatique auprès de la Fondation David Suzuki, a qualifié les énergies renouvelables de « jeu le moins cher de la ville.»

« Pour la première fois, l'énergie solaire et l'énergie éolienne représentent 10 % de la capacité de production mondiale », a déclaré M. Green à The Weather Network. « Il s'agit donc d'un nouveau seuil. Et cela montre que les choses commencent à s'accélérer .» Pendant ce temps, les investissements dans le secteur ont augmenté pour la quatrième année consécutive pour atteindre 366 milliards de dollars (US).

Compilé par quelque 650 experts, le rapport souligne que des ajouts records ont été faits en matière de capacité d'énergie renouvelable (un bond de 17 % depuis 2020) et de production. Il met également en avant des réalisations nationales, comme la capacité hydroélectrique ajoutée au Canada l'année dernière, qui était la deuxième plus importante au monde.

L’énergie renouvelable encore loin derrière les combustibles fossiles

Le potentiel des énergies renouvelables fait contraste avec les défis que posent les combustibles fossiles en matière de sécurité et d'indépendance énergétiques, compte tenu de la volatilité des prix du gaz et de la guerre en Ukraine. Cependant, d'autres mesures démontrent que la situation des énergies renouvelables est moins optimiste. Depuis 2009, la part des énergies renouvelables dans le secteur du chauffage et de la climatisation n'a augmenté que d'environ 2 % ; sur la même période, dans le secteur des transports, qui représente près d'un tiers de la consommation totale d'énergie, les énergies renouvelables ont connu une croissance encore plus faible, passant de 2,4 à 3,7 %.

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Le rapport avertit que l'occasion a été manquée de se diriger avec plus de force vers les énergies renouvelables pendant la pause offerte par la pandémie, et note qu'une « chance historique d'une reprise de l'énergie propre» n'est tout simplement « pas au rendez-vous. » La reprise économique qui a suivi les deux années de blocage dues à la pandémie a entraîné une augmentation de 4 % de la demande d'énergie, dont la majeure partie a été fournie par les combustibles fossiles.

« Bien que de nombreux autres gouvernements se soient engagés à atteindre des émissions nettes de gaz à effet de serre nulles en 2021, la réalité est qu’en réponse à la crise énergétique, la plupart des pays se sont mis à chercher de nouvelles sources de combustibles fossiles et à brûler davantage de charbon, de pétrole et de gaz naturel », a déclaré Rana Adib, directrice exécutive de REN21, qui a commandé le rapport.

L’Amérique du Nord, mauvaise élève?

Le Canada ne fait pas exception à la règle, après avoir finalisé plus tôt cette année ses plans d'investissement de plusieurs milliards dans le projet pétrolier offshore Bay du Nord, au large des côtes de Terre-Neuve. En effet, le rapport ne désigne pas le Canada comme un chef de file de l'énergie verte et ce, pour une bonne raison.

Aucun autre pays du G20, à l'exception de la Russie, de l'Arabie saoudite et de l'Indonésie, n'a ajouté moins d'énergie solaire que le Canada depuis 2017. Le Canada étant loin derrière la plupart des pays du G20 en matière de croissance des énergies renouvelables. « Les pays du G20 ont fourni deux fois et demie plus de soutien aux combustibles fossiles qu'aux énergies renouvelables », a déclaré Tom L. Green. «Au Canada, ce soutien était 14 fois et demie plus important pour les combustibles fossiles que pour les énergies renouvelables.»

Les analystes ont constaté que le Canada doit ajouter des capacités éoliennes et solaires entre 5 et 18 fois le taux d'ajout de ces sources d'énergie en 2021, afin d'atteindre les objectifs de zéro émission d'ici 2050. Le Canada n'est pas seul. Bien que certaines nations se soient distinguées - comme l'Islande, qui couvre près d'un tiers de sa consommation totale d'énergie à l'aide de sources renouvelables - l'adoption post-pandémique des combustibles fossiles par la plupart des pays a contribué à l'une des plus fortes augmentations du CO2 mondial de tous les temps, atteignant plus de 2 milliards de tonnes.

Malgré les points positifs que l'on peut tirer de ces résultats, il est clair que la transition énergétique a encore un long chemin à parcourir. M. Green a déclaré : « Les services publics savent qu'ils vont devoir faire le ménage à mesure que la politique climatique devient plus stricte dans le monde.» Il a également été clair sur ce dont la transition énergétique a le plus besoin. « Nous devons arrêter de donner autant d'argent aux combustibles fossiles. C'est une industrie en déclin. C'est une technologie d'un ancien temps.»

Adapté d'un article de Neil Ever Osborne et M.A. Jacquemain de TWN.

Image bannière: un travailleur dans une serre éclairée grâce à l'énergie renouvelable en Islande. (Source: Raul Moreno/ SOPA Images/ LightRocket/ Getty Images)