Retour vers le futur des ouragans

Les données historiques révèlent que la côte ouest de la Floride risque d'être frappée par de plus en plus de tempêtes cycloniques dans un contexte de changements climatiques.

En bref

  • La côte ouest de la Floride est plutôt épargnée par les ouragans de nos jours;

  • Une étude montre que l'activité cyclonique était beaucoup plus intense jadis;

  • Les données ont été recueillies à partir de carottes de sédiments de l'intérieur des terres qui contiennent du sable marin déposé par les tempêtes passées.


Nous compilons des données sur les ouragans depuis 1851 qui démontrent que la côte nord-ouest de la Floride n’a été frappée qu’une seule fois par une tempête de catégorie trois ou supérieure. En 2018, Michael, un ouragan de catégorie 5, a dévasté l’enclave de la Floride (ou Panhandle), c’est-à-dire la portion nord-ouest de l’État. Une équipe de scientifiques a reculé de plusieurs centaines d’années afin de déterminer si de tels événements s'étaient déjà produits dans le passé. Leurs conclusions sont inquiétantes pour notre avenir.

Selon leur étude, l'activité tropicale dans les bassins de l’Atlantique Nord et du golfe du Mexique était beaucoup plus intense entre 650 et 1250 de notre ère que durant les sept siècles qui ont suivi. La fréquence et l’intensité des systèmes tropicaux sont directement liées à la température de l’eau. Plus l’eau de surface est chaude, plus les systèmes se forment facilement et atteignent une plus grande intensité. Les chercheurs ont pu déterminer qu'à cette époque lointaine, la température de l’eau de la région était plus élevée qu’elle ne l’est aujourd’hui.

Pour connaître le passé météorologique de la région, les scientifiques ont analysé des carottes de sédiments. Ils ont recueilli les échantillons à deux endroits situés à l’ouest et au sud de Tallahassee, la capitale de l’État. Les choix sont stratégiques, situés à l’intérieur des terres, mais assez près des côtes pour que l’influence d’un système majeur y laisse sa trace.

Chaque fois qu’un ouragan touche terre, la marée de tempête qui l’accompagne fait que la mer envahit des zones qui autrement seraient restées au sec. Une tempête de ce type a pour effet de brasser les eaux sur son passage. C’est ainsi qu’une certaine quantité de sable du fond des océans se retrouve mêlée à l’eau de mer. Chaque fois qu’une tempête frappe un endroit, une quantité de ce sable est laissée derrière lorsque l’eau se retire après le passage de la tempête.

L’analyse des carottes a permis de déterminer l’âge et le type de sédiments. La taille des couches sablonneuses dans les carottes illustre l’intensité d’une tempête. Plus une tempête a été intense, plus il y a eu de sable qui s’est retrouvé sur la côte, mais aussi plus loin à l’intérieur des terres. Grâce aux carottes, il a été possible de déterminer l’année d’une tempête, sa force et l’étendue des inondations qu’elle a générées.

Les chercheurs ont conclu que la température de l’eau dans les bassins de l’Atlantique Nord et du golfe du Mexique était plus élevée qu’aujourd’hui. C’est pour cette raison qu’on retrouve de nombreuses traces du passage d’ouragans de catégorie 4 et 5 dans les carottes de sédiments. Puisque les scientifiques prévoient que la température de l’eau continuera de monter dans le contexte des changements climatiques, on s’attend à une recrudescence de l’activité cyclonique dans cette région du globe.

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L’étude conclut également que les données compilées depuis 1851 ne présentent pas un portrait complet de l’activité cyclonique moyenne de cette région. C’est la première fois qu’une étude s'intéresse aux tempêtes lors de périodes où l'eau était plus chaude. Les données recueillies seront très utiles pour tester les modèles de prévisions climatiques à long terme. On pourra ainsi déterminer si les modèles qui prédisent l’avenir arrivent à des conclusions qui ressemblent à la réalité du passé.

Des tempêtes plus puissantes auront un impact direct sur l’érosion des côtes, les dommages causés aux infrastructures et à l’économie de cette région, toujours de plus en plus peuplée.

Image bannière: l'ouragan Michael frappe l'intérieur de la Floride le 10 octobre 2018 (Source : Joshua Stevens/Nasa Earth Observatory avec des données de GOES-16)