Sandy : anniversaire de la «Frankenstorm»
Mercredi 29 octobre 2014 à 7 h 21 - Il y a deux ans, l’ouragan Sandy a marqué au fer rouge les Caraïbes, la ville de New York, la côte est américaine, le Québec et l’Ontario. Sandy a prouvé au monde entier qu’aucune grande ville n’était à l’abri d’une catastrophe digne d’un film d’Hollywood. Voici l’autopsie de l’un des événements météo les plus extrêmes de l’histoire.
L'ouragan a atteint sa puissance maximale près de Cuba, avec des vents de 185 kilomètres à l'heure.
Le 22 octobre 2012, les météorologues surveillent de près la 18e dépression à se former dans la mer des Caraïbes. Rapidement, elle se transforme en tempête tropicale. Ce soir-là, Sandy est née.
Le matin du 24 octobre, la tempête gagne en intensité jusqu’à devenir ouragan de catégorie 1. La Jamaïque et sa capitale, Kingston, sont les premières à croiser la route de la tempête. Des pannes électriques affectent plus de la moitié de l’île qui est balayée par de forts vents et reçoit des pluies diluviennes.
Haïti, qui n’est toujours pas remise du séisme de 2010, écope de 500 millimètres d’eau, soit l’équivalent de six mois de précipitations à Montréal. Les pluies torrentielles engendrent des inondations et des glissements de terrain qui coûtent la vie à une centaine de personnes, en plus de faire des dizaines de milliers de sinistrés. La République dominicaine n’est pas épargnée. Des milliers de personnes sont évacuées, dont de nombreux touristes.
Le 25 octobre, Sandy atteint sa puissance maximale avec des vents soutenus de 185 kilomètres à l’heure. L’ouragan, maintenant de catégorie 3, frappe l’est de Cuba, y déversant plus de 200 millimètres d’eau.
L’ouragan touche ensuite les Bahamas et poursuit sa route vers le nord, menaçant la côte est des États-Unis.
Les météorologues doivent alors prévoir la trajectoire qu’empruntera l’ouragan et déterminer sa force. Pour ce faire, des avions survolent la bête et y laissent tomber des sondes qui fourniront les données nécessaires. À l’approche de l’Halloween, la tempête est surnommée « Frankenstorm ».
Le cœur de la tempête frappe les États-Unis
La ville de New York lance donc sur la base d’une simple prévision météo des mesures d’urgence et donne l’ordre d’évacuation de 350 000 résidents. Les services de transports, dont le métro et les vols, sont interrompus.
En matinée le lundi 29 octobre, la tempête génère des vents allant jusqu’à 160 kilomètres à l’heure dans l’Atlantique. Sandy se fait sentir aux États-Unis. Des pannes d’électricité se multiplient plus la tempête approche pour atteindre 8,5 millions de clients. La ville de New York est plongée dans le noir, éclairée par les feux qui font rage dans 80 résidences. Les brasiers, attisés par les vents, sont causés par des fuites de gaz et des explosions de transformateurs.
Le cœur de la tempête, avec des vents de plus de 130 kilomètres à l’heure, engendre des vagues qui atteignent 10 mètres à l’entrée du port de New York. Comble de malheur, les marées sont amplifiées par la pleine Lune. La mer est alors soulevée de quatre mètres sur la ville. Un record!
Les remparts sont insuffisants. L’eau s’infiltre partout dans le bas de la ville. Le métro est englouti, les taxis jaunes flottent, les ponts sont fermés et le sud de l’île de Manhattan est submergé. La campagne électorale présidentielle est mise sur pause. Même la bourse interrompt ses activités pendant deux jours. Une première! Tôt mardi matin, le président Barack Obama décrète l'état de «catastrophe majeure» dans les États de New York et du New Jersey.
Pendant ce temps, Sandy inonde les côtes du New Jersey, amputant les plages de plus de 15 mètres. De nombreuses maisons sont emportées, alors que la fameuse promenade de bord de mer d’Atlantic City est dévastée. Plusieurs millions de foyers sont privés d’électricité. Le triangle New Jersey-Maryland-Delaware reçoit plus de 250 millimètres de pluie.
La Virginie et la Caroline du Nord sont frappées par une importante tempête de neige amplifiée par les pertes d’électricité. Les routes, souvent encombrées d’arbres et de débris laissés par la tempête, sont fermées en raison de la neige.
En somme, Sandy fait plus de 100 morts aux États-Unis, soit le bilan le plus lourd depuis l’ouragan Katrina en 2005. Les dégâts sont estimés à 50 milliards $.
La tempête a continué sa course jusqu'au Canada.
L’onde de choc au Canada
Plus près de nous, la population du sud de l'Ontario, du sud du Québec et des Maritimes sont mises en garde.
Les vents soufflent jusqu’à 106 kilomètres à l’heure dans le sud de l’Ontario du 29 au 30 octobre, alors que des vagues de sept mètres sont observées sur le lac Ontario. La pluie et les vents ont raison de nombreux arbres. Résultat 150 000 personnes sont privées d’électricité. Des centaines de vols à destination et en provenance de l'est des États-Unis sont annulés.
Une dame perd la vie, happée par un panneau emporté par le vent. Également, un réparateur de ligne meurt en travaillant à rétablir le courant à Sarnia.
Sandy a eu des répercussions jusqu'au Québec.
Le Québec n’est pas épargné
Les vents soufflent à 80 kilomètres à l’heure à Montréal et jusqu’à 90 kilomètres à l’heure à Québec. On dénombre 50 000 pannes de courant. La plus forte quantité de pluie tombée a été enregistrée dans la région de Charlevoix, qui a reçu 185 millimètres d’eau en trois jours. Certains cours d’eau débordent, alors qu’une menace d’inondation plane sur la basse-ville dans la Vieille Capitale.
Le Emerald Princess, un navire qui compte 15 ponts et accueille plus de 3000 passagers et 1500 membres d’équipage détourne sa trajectoire pour éviter la tempête Sandy et fait escale au port de Saguenay. Il s'agissait du plus gros navire à mouiller dans le port de Saguenay.
Le Bureau d'assurance du Canada (BAC) estime les dégâts à 100 millions $ au Québec et en Ontario. Des milliers de réclamations ont été déposées pour des dommages causés aux résidences, véhicules automobiles et commerces. À cela s'ajoute le coût de réparation des pannes électriques.
