La flotte fantôme ; un cimetière d’épaves millénaires
Crédit: Rodrigo Pacheco-Ruiz
Mardi 25 octobre 2016 à 9 h 54 - C’est lors d’une exploration à vocation géophysique qu’une quarantaine d’épaves millénaires ont été découvertes, jonchant le fond de la mer Noire, en excellent état de conservation.
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Au fil des derniers millénaires, le niveau de la mer Noire a augmenté, inondant ce qui était alors la côte bulgare. Les scientifiques ne s’entendent cependant pas sur quand ni comment la montée des eaux s’est produite. Ce sont les réponses auxquelles tente de répondre l’expédition Black Sea Maritime Archaeology Project (ou « Projet d’archéologie maritime de la mer Noire »).
À l’aide de l’équipement sous-marin le plus avancé au monde, l’expédition Black Sea MAP compte sur une équipe internationale de chercheurs, chargés d’explorer les fonds marins à plus de 1 800 mètres de profondeur et d’effectuer un relevé du terrain submergé. On tente ainsi de comprendre comment le niveau de l’eau a monté, avec quelle rapidité de même que l’impact que ce changement dramatique aura eu sur les populations riveraines.
Si les archéologues soupçonnaient que la mer Noire renferme des trésors historiques, la découverte accidentelle d’une quarantaine de navires au fond du bassin d’eau demeure une surprise de taille. L’état de conservation des navires datant des époques ottomanes et byzantines est excellent, grâce à l’absence d’oxygène dans les couches d’eau inférieures de la mer.
La mer Noire est en effet un bassin d’eau dit méromictique, qui comprend différentes couches d’eau qui ne se mélangent pas. Parce que l’eau de la surface riche en oxygène n’atteint pas le fond de la mer, la couche inférieure située à plus de 150 mètres de profondeur est dite hypoxique, soit complètement dénuée d’oxygène. C’est ce qui aura permis aux navires âgés d’un millier d’années de se conserver.
Selon Jon Adams, de l’université de Southampton et chercheur principal du projet Black Sea MAP, l’état de conservation des bateaux est exceptionnel. Avec des navires aussi âgés, il ne reste généralement que quelques signes visibles de la proue. Dans ce cas-ci, des mâts demeurent debout et des ponts supérieurs sont toujours présents, ce qui aura aussi permis d’identifier des types de vaisseaux jusqu’à maintenant inconnus. Les épaves ont pu être découvertes à l’aide de véhicules sous-marins téléguidés (ROV) et des modélisations 3D ont pu être obtenue grâce à la photogrammétrie. Si la découverte du « cimetière » sous-marin est fortuite, elle servira toutefois la mission principale de l’expédition, dévoilant des secrets entourant les habitudes de vie des peuples riverains d’autrefois.
Sources: Black Sea MAP | Daily Mail | New Scientist
