Surabondance de chenilles spongieuses : le feuillage disparaît

Elle mesure à peine quelques centimètres et se déplace lentement, la chenille spongieuse fait bien des ravages cette année au Québec et en Ontario. La grande mangeuse de feuilles connaît une année record dans les deux provinces.

Jamais, depuis sa première apparition dans les années 60, une aussi grande population de chenilles spongieuses n’a été vue dans les espaces verts québécois.

« Ça commence à devenir inquiétant parce que la spongieuse prend d’année en année plus de terrain au Québec qu’elle ne le faisait avant », souligne Étienne Normandin, entomologiste à l’Université de Montréal.

Les chenilles sont si abondantes cette année que certaines d’entre elles cherchent un deuxième arbre pour se rassasier.

C’est dans le sud du Québec que les ravages de la chenille spongieuse sont les plus alarmants puisque c’est là où se trouvent ses arbres favoris, soit le chêne, le bouleau et le saule.

« C’est sûr qu’elle peut manger des conifères, donc on pourrait peut-être s’inquiéter pour notre forêt boréale. Mais définitivement, elle préfère manger des feuillus », affirme M. Normandin.

La météo en cause

L’un des principaux facteurs qui expliquent cette surabondance de chenilles spongieuses est la météo. L’hiver doux et le printemps chaud et sec ont favorisé la prolifération de l’insecte poilu.

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« S’il fait froid et s’il pleut beaucoup, il y a un bon pourcentage de chenilles qui peuvent mourir, mais ce n’est pas le cas cette année. Elles ont eu une très bonne survie durant l’hiver à l’état d'œuf et de chenille au printemps. Donc, toutes les chenilles ont survécu et c’est ça qui fait en sorte qu’on a eu une grosse infestation cette année », explique Étienne Normandin.

Sur les arbres ciblés par ces chenilles, on peut apercevoir de nombreuses masses brunâtres dans chacune desquelles se cachent des centaines d'œufs. Cette importante quantité de chenilles ne laisse aucune chance au feuillage de l’arbre.

Sans ses feuilles, l’arbre est grandement affaibli. Étienne Normandin s’attend à ce que certains arbres ne survivent pas à l’invasion de cette année.

« C’est un deuxième stress qu’on ajoute à l’arbre. Il n’a plus ses feuilles. S’il y a une sécheresse, il peut mourir. De plus, si l’arbre n’a plus ses feuilles, ce stress génère des molécules dans l’air et attire d’autres insectes qui peuvent s’attaquer à l’écorce et aux branches. Si l’arbre n’est pas trop en bonne santé, il peut mourir. »

Pour freiner la montée des chenilles sur un arbre, on peut tout simplement enrouler un tissu autour de l’écorce ou y mettre du ruban adhésif.

On peut aussi les capturer ou retirer leurs œufs pour éviter qu’elles ne reviennent en force l’an prochain.

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« En ce moment d’ailleurs, elles sont en train de descendre les troncs d’arbre pour se transformer en chrysalide. C’est un bon moment pour les récolter. »

En les manipulant, il est recommandé d’éviter de se toucher les yeux ou de se frotter la peau. Des poils de l’insecte peuvent se détacher et causer des démangeaisons aux personnes ayant la peau sensible.

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