Pic des ouragans : du jamais vu depuis 16 ans
Alors que le 10 septembre correspond au pic climatologique attendu de la saison des ouragans dans l’Atlantique, on se trouve dans une situation tout à fait inhabituelle.
Un pic… sans tempête
Le dernier aperçu du National Hurricane Center (NHC) américain ne montre aucune tempête nommée ni zone de développement potentiel pour les sept prochains jours – ce qui serait une première observée le 10 septembre depuis 16 ans. Un répit remarquable, mais qui ne garantit rien sur la suite de la saison.

D’ordinaire, la mi-septembre est la période la plus active : c’est là que la courbe des cyclones atteint son sommet, avec un enchaînement fréquent de dépressions tropicales, tempêtes et ouragans. Cette année déroge à la règle.

Qu’est-ce qui explique ce calme inhabituel?
Le principal frein, ces jours-ci, vient d’une vaste langue d’air très sec venue du Sahara qui recouvre la zone principale de développement des tempêtes à l’est des Antilles. Cet air désertique étouffe les embryons de tempête en limitant la convection, ce qui freine l’organisation des systèmes tropicaux même quand l’océan est chaud.

Ce n’est pas le carburant qui manque
Une bonne partie du bassin atlantique affiche des eaux plus chaudes que la normale et le golfe du Mexique bat des records pour un début septembre. La chaleur de surface constitue en quelque sorte l’énergie potentielle à partir de laquelle les tempêtes peuvent s’alimenter. Si les autres ingrédients atmosphériques deviennent favorables, ce réservoir thermique pourrait provoquer un rebond d’activité plus tard dans la saison.

Les scientifiques de la Colorado State University (CSU) invitent d’ailleurs à la prudence : une saison calme peut s’emballer rapidement dès qu’une fenêtre météorologique favorable s’ouvre. Autrement dit : ce creux temporaire ne doit pas être interprété comme la fin du risque d’ouragans potentiellement dévastateurs, dont les restes pourraient remonter jusqu’à nous.

Où en est la saison 2025?
Jusqu’à maintenant, six tempêtes nommées ont été recensées dans l’Atlantique. Une saison moyenne en compte autour de 14. Qui plus est, les experts de la CSU et de l’agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) prévoyaient une année au-dessus de la normale, avec 16 tempêtes nommées pour la première et 13 à 18 pour la seconde.

Le rythme actuel est en deçà de ces prévisions, mais la saison se poursuit jusqu’au 30 novembre et on est toujours dans une période susceptible de s’animer rapidement. Il reste donc amplement de temps – et de chaleur océanique – pour que l’activité reparte. Et l’histoire l’a montré plus d’une fois : un seul système marquant peut suffire à définir une saison.
Avec la collaboration de Kevin Cloutier, météorologue
