Le Québec doit garder un œil ouvert pour les ouragans
Même si les ouragans perdent en intensité en remontant vers le nord, leurs restes peuvent frapper fort au Québec. Comme l’a montré l’ouragan Debby à l’été 2024, la province n’est jamais totalement à l’abri d’un déluge de pluie ou de vents destructeurs. Et d’ici la fin de la saison, les conditions demeurent propices à d’éventuelles visites tropicales.
Des ingrédients favorables à la formation de tempêtes robustes
La situation atmosphérique actuelle pourrait favoriser l’arrivée de phénomènes tropicaux dans la Belle Province. L’anticyclone atlantique, qui nous a valu un été chaud, joue un rôle déterminant en agissant comme pivot sur la trajectoire des systèmes, les propulsant vers le nord puis vers l’est à l’approche du Canada.
À cela s’ajoutent des eaux exceptionnellement chaudes au large des Antilles, de la côte est américaine et du golfe du Mexique, véritables réservoirs d’énergie. « C’est du carburant en attente », souligne le météorologue Réjean Ouimet. Cette chaleur océanique peut à la fois déclencher de nouvelles tempêtes et renforcer celles déjà formées.

Ce deuxième phénomène a tendance à renforcer le premier. « Une corrélation existe entre les eaux chaudes et la force de l’anticyclone qui les chevauche », explique Réjean Ouimet.
Autre facteur important : la situation des vents en altitude. « Plus le déplacement de la tempête est rapide, plus l’impact est grand au Québec. La formule gagnante pour qu’une tempête vienne nous hanter, c’est un creux en altitude axé sur les Grands Lacs. Les tempêtes remontent alors sur son flanc est vers le nord. » Cet aspect est encore incertain et se manifeste généralement plus tard en automne.

Deux trajectoires avec des risques potentiels pour le Québec
Deux des trajectoires les plus communes pour les ouragans présentent des risques pour le Québec. La première, c’est quand les tempêtes plongent dans le golfe du Mexique, puis se recourbent vers le continent nord-américain avant de remonter jusqu’ici, comme ce fut le cas avec Katrina en 2005. Les effets s’étaient fait sentir jusqu’ici : on avait subi des inondations et des débordements de rivières à Québec et des routes avaient été endommagées dans Charlevoix et sur la Côte-Nord, isolant temporairement ces régions.

L’autre scénario implique les systèmes qui longent la côte est américaine, frappant les Carolines avant de bifurquer vers le nord. Dans les deux cas, les conséquences peuvent être importantes : jusqu’à 100 mm de pluie et des vents dépassant 100 km/h, de quoi perturber les infrastructures et la vie quotidienne.
Des précédents marquants
Au fil des années, plusieurs tempêtes tropicales ont laissé leur empreinte sur la province. Depuis 2010, on recense 13 tempêtes ayant frappé le Québec, dont cinq épisodes majeurs. L’ouragan Irene en 2011 avait causé des inondations majeures et des dégâts considérables. L’année suivante, Sandy a balayé le sud du Québec de ses vents violents. Plus récemment, les Îles-de-la-Madeleine ont été durement frappées par Dorian en 2019 et Fiona en 2022.
À l’été 2024, Debby a déversé jusqu’à 200 mm de pluie sur le sud du Québec, provoquant des inondations monstres touchant directement la population et les infrastructures. C’est devenu l’événement météorologique le plus coûteux de l’histoire du Québec, surpassant même la tempête de verglas de 1998, avec près de 2,5 milliards de dommages assurés, selon le Bureau d’assurance du Canada.

Les régions les plus exposées
Si le Québec continental peut subir les contrecoups de ces phénomènes, ce sont surtout les zones côtières et maritimes qui se trouvent en première ligne. « Les provinces maritimes, les Îles-de-la-Madeleine, et, dans une moindre mesure, la Gaspésie et la Côte-Nord, sont particulièrement vulnérables », indique Réjean Ouimet. Les tempêtes, qui se nourrissent de l’océan, conservent davantage leur puissance destructrice lorsqu’elles suivent une trajectoire maritime plutôt que continentale.
La saison des ouragans se prolonge jusqu’à la fin novembre et les experts prévoient une année où l’activité tropicale sera supérieure à la normale. Avec des eaux toujours très chaudes et une dynamique atmosphérique propice, la vigilance demeure de mise.