Déluge sur déluge : ce type d'orage peut faire des ravages
Le mois de juillet 2025 a offert au Québec une démonstration frappante d’un phénomène aussi spectaculaire que redoutable : les orages en série. De quoi s’agit-il?
Photo en entête : Montréal, le 13 juillet 2025 | Crédit : MétéoMédia
Montréal sous l’eau : un record historique
Le dimanche 13 juillet, la métropole québécoise a connu une journée qui entrera dans les annales. En moins d’une heure, 57,5 mm de pluie sont tombés à l’aéroport Montréal-Trudeau. Le cumul total pour la journée s’est élevé à 81 mm, dépassant ainsi le précédent record mensuel de juillet établi en 2024 lors du passage des vestiges de l’ouragan Beryl.
Résultat : des routes fermées, des maisons inondées et des voitures coincées. L’aéroport a même temporairement été mis à l’arrêt.
Québec et Lévis : rues inondées, évacuations en urgence
Quatre jours plus tard, le jeudi 17 juillet, c’était au tour de la région de Québec de subir des orages en série. Dès la fin de l’avant-midi, une succession rapide de cellules orageuses a frappé la capitale et sa rive sud. À Lévis, des rues se sont transformées en rivières et un tronçon de l’autoroute 20 a été temporairement submergé. À Québec, le chemin du Foulon a dû être évacué par les services d’urgence, avec l’intervention d’une équipe spécialisée en sauvetage nautique.

Certaines stations ont relevé entre 50 et 75 mm de pluie, et parfois davantage. Les images de sous-sols inondés et de voitures coincées dans l’eau ont circulé largement sur les réseaux sociaux, illustrant bien la violence de ces épisodes successifs.
Qu’est-ce qui cause ce phénomène?
Ce type d’événement météorologique est surnommé « orage en série » ou « train orageux » en raison de son fonctionnement. Il se produit lorsque plusieurs cellules orageuses se forment l’une après l’autre et suivent une trajectoire similaire, arrosant à répétition le même secteur.

Pour qu’un tel scénario se développe, plusieurs ingrédients doivent être réunis :

Dans le contexte où un front stationnaire s’installe, ce dernier aura un apport constant d’humidité et d’énergie, permettant ainsi d’alimenter les fortes précipitations. Ainsi, les perturbations pourront stagner plus longtemps au-dessus du même endroit tout en étant constamment alimentées.

Qui plus est, chaque orage crée un écoulement sortant d'air frais, qui s'étend lorsque le courant d'air atteint le sol. Au fur et à mesure que la cellule dominante perd en intensité et se dissipe, son écoulement sortant entre en collision avec l'autre masse d'air plus chaud en surface, ravitaillant une autre perturbation, puis une autre. Une espèce de train orageux peut donc se créer, avec une succession rapide de cellules au même endroit (ou à peu près).

Crues soudaines et impacts majeurs
Les orages en série peuvent avoir des conséquences majeures. Si les systèmes se déplacent lentement et que leurs vents soufflent dans la même direction, cela peut encourager des accumulations titanesques, entraînant des crues subites, des inondations à grande échelle, des pannes d’électricité, etc. Dans certains cas, l’équivalent d’un mois de pluie peut tomber en quelques heures à peine.
Ces phénomènes ne sont pas nouveaux, mais avec un climat de plus en plus chaud et humide, ils pourraient devenir plus fréquents. Le reste de l’été pourrait nous réserver des surprises…
Avec la collaboration de Kevin Cloutier, météorologue