Après un départ canon, il y a quelque chose d’anormal dans les Tropiques
Après un début de saison très actif, il n'y a aucune activité et très peu d'énergie pour le développement de tempête tropicales dans le bassin atlantique. Est-ce le calme avant la tempête?
En avance d'un mois
La saison des ouragans 2025 est bien entamée, et le départ s'est fait sur les chapeaux de roues. Il y a eu trois tempêtes nommées en très peu de temps, soit entre le 24 juin et le 5 juillet. Heureusement, Andrea, Barry et Chantal ont fait peu ou pas de dégât. Normalement, il faut attendre jusqu'au 3 août pour voir une troisième tempête nommée. On avait donc un mois d'avance sur une saison moyenne.

Le calme plat
Depuis, le bassin atlantique fait preuve d’un calme inattendu. Un répit bienvenu, mais qui ne doit pas mener à un faux sentiment de sécurité. Ce calme surprend en effet, surtout dans le contexte des prévisions émises au printemps dernier, les experts prévoyaient une saison plus active que la normale, avec des températures de surface océaniques exceptionnellement élevées et un retour attendu de La Niña.

Pourtant, aucun système tropical d’importance ne s’est développé dans l’Atlantique depuis le 5 juillet. Les conditions atmosphériques demeurent pour l’instant peu favorables à la formation de tempêtes, avec notamment la présence de poussière saharienne qui limite l’humidité et inhibe les orages, un ingrédient clé des systèmes tropicaux. Et ça devrait se poursuivre pour quelque temps, car l'énergie cyclonique accumulée est à son plus faible dans le bassin depuis 2009. Alors que la moyenne est de 10 noeuds carrés pour un mois de juillet, on n'observe actuellement qu'environ 2 noeuds carrés.
Le pic est à venir
Historiquement, le pic de la saison se situe entre la mi-août et la fin septembre, période durant laquelle les eaux de l’Atlantique atteignent leur température maximale. Ce n’est donc pas parce que cette portion de la saison est discrète que l’on peut baisser la garde. Des saisons par le passé ont déjà connu un démarrage lent avant de se transformer brutalement en véritable marathon de tempêtes. L’exemple de 2019 est encore frais en mémoire : très calme jusqu’à la mi-août, cette saison avait ensuite donné naissance à des systèmes majeurs comme Dorian.

Le Canada reste exposé
Pour les provinces de l’Est du pays, la menace demeure réelle, surtout entre la fin août et le début d’octobre. Même si la trajectoire des ouragans est imprévisible, plusieurs tempêtes post-tropicales ont touché le Canada dans les dernières années, parfois avec des conséquences majeures, comme ce fut le cas avec Fiona en 2022.
Une surveillance constante
La saison est loin d’être terminée. Les modèles à long terme continuent d’indiquer un possible regain d’activité dans les semaines à venir, et la combinaison de La Niña et des eaux chaudes reste propice au développement rapide de systèmes tropicaux.

Avec la collaboration de Mathias Ponton, météorologue.
