Nouveau record absolu : des impacts possibles au Québec

Il n'a jamais fait si chaud dans les océans du monde (du moins, pas depuis que des données sont collectées).


Avec la collaboration de Kevin Cloutier, météorologue

En général, la température moyenne des océans à l'échelle mondiale atteint son maximum à cette période-ci de l'année. L'été qui bat son plein dans l'hémisphère sud jusqu'en février contribue à cette tendance : la chaleur emmagasinée pendant la saison estivale prend un peu de temps à se refléter sur le thermomètre.

Cette fois, la situation prend une tournure inhabituelle. La température globale moyenne de l'eau a franchi la barre des 21 °C - un sommet jamais enregistré auparavant. Cette donnée prend en compte tous les océans du monde.

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C'est la première fois qu'une telle marque est observée depuis le début de la collecte des données, en 1981.

Il faut également mentionner que La Niña vient tout juste de tirer sa révérence après presque trois ans de règne. Il n'est d'ailleurs pas impossible que El Niño fasse un retour remarqué dans l'océan Pacifique, ce qui aurait une influence sur la température moyenne globale des eaux de surface.


Définition : La Niña est une zone de refroidissement des températures des eaux de surface au large du Chili, dans l'océan Pacifique. À l'inverse, El Niño fait référence à une anomalie chaude dans le même secteur.


Le bassin atlantique sous une chaleur anormale

L'océan Atlantique ne fait pas exception. Au contraire, l'Atlantique Nord contribue à cette anomalie de température. C'est ce qui est souligné par des données recueillies par la NOAA et analysées par l'Institut des changements climatiques de l'Université du Maine.

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Un témoignage de cette tendance : un système aux caractéristiques tropicales s'est même formé dans l'Atlantique en plein mois de janvier - ce qui est hautement inhabituel.

Le nord de cette vaste étendue d'eau a atteint une marque jamais observée jusqu'à maintenant pour un début de printemps. Selon le Maine Climate Office, le mercure a grimpé à 6,2 °C le 15 mars dans le golfe du Maine - du jamais-vu. Dans tous les cas, les premiers mois de 2023 figurent donc parmi les plus chauds, jusqu'à maintenant.

Impacts possibles au Québec

De telles anomalies peuvent avoir une influence marquée sur la météo. Cela prend beaucoup d'énergie pour réchauffer une étendue d'eau. Mais, une fois que cette chaleur est présente, elle est emmagasinée de manière relativement durable. Près de ce réservoir d'énergie, les extrêmes de température sont moins marqués, et les températures restent plus stables.

Cependant, toute cette chaleur accumulée pourrait chercher à se diffuser dans l'atmosphère. Éventuellement, cela pourrait contribuer à un mercure plus chaud.

De plus, un contraste marqué entre l'eau et la terre encourage la convection, ce qui augmente la quantité d'énergie disponible pour les systèmes. Cet apport d'humidité peut donc accroître le caractère explosif de certaines perturbations, surtout si elles longent la côte. Les tempêtes côtières, qui affectent souvent le nord-est des États-Unis et l'est du Québec, en sont un bon exemple. Les dépressions qui passent au-dessus des Grands Lacs peuvent aussi être renforcées par une telle situation.

En été et en automne, ce phénomène peut également alimenter les systèmes tropicaux et favoriser leur intensification. Une eau particulièrement chaude peut donc engendrer plus de perturbations nommées et, ultimement, contribuer à des ouragans plus puissants. De plus, cela peut alimenter les phénomènes extrêmes sur la terre ferme : l'allée des tornades, dans le centre des États-Unis, pourrait connaître une saison 2023 particulièrement active, notamment en raison des eaux anormalement chaudes du golfe du Mexique.


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