
Les chiffres le confirment : l'hiver raccourcit partout au pays
Ce n'est pas qu'une impression : les hivers « dans le temps » étaient plus longs et plus froids. Explications.
Moins de coups de patin
Si vous aimez le patin, le ski, la raquette ou le traîneau, vous avez de moins en moins de temps pour pratiquer ces activités au Canada. Et la situation est encore plus accentuée en Europe. En Lituanie, en Lettonie, au Danemark, en Pologne et en Allemagne, l'hiver est carrément en train de disparaître. Les chercheurs de l'organisme Climate Central se sont basés sur le nombre de journées durant l'hiver où la température descend sous le point de congélation. C'est le point de bascule pour considérer une journée d'hiver. Ils ont étudié les données météorologiques entre 2014 et 2023 en tenant compte du « Climate Sift Index » (CSI) qui évalue les changements climatiques causés par l'activité humaine. Regardons d'abord la situation au Canada.

L'hiver est à l'envers
Près de 20 % des régions canadiennes analysées (58 sur 289) ont observé chaque année au moins une semaine, soit sept journées, avec une température au-dessus de 0 °C. Ces régions sont majoritairement situées en Colombie -Britannique, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse, en Ontario, au Québec et sur l'Île-du-Prince-Édouard. Si l'on porte attention aux grandes villes canadiennes, Vancouver a connu en moyenne 19 journées d'hiver de moins selon le CSI. À Toronto, c'est 13 journées, et à Montréal, 6 journées. Vancouver voit un plus grand écart que Montréal, car la température hivernale moyenne y est plus près du point de congélation. Une augmentation de quelques degrés peut faire passer une journée au-dessus de 0 °C. Tandis qu'à Montréal, la température habituelle est de plusieurs degrés sous 0 °C. Une augmentation de quelques degrés laisse quand même une journée sous ce point de bascule.

Des semaines de moins
Ailleurs dans le monde, la Lituanie, la Lettonie, l'Estonie, le Danemark et la Pologne observent tous au moins 20 journées de moins sous le point de congélation qu'ils le feraient normalement selon le CSI. Dix-neuf pays ont vu leur hiver raccourci d'au moins deux semaines en moyenne entre 2014 et 2023, toujours selon le CSI. Aux États-Unis, près de 63 % (39 sur 63) des grandes villes ont eu au moins une semaine d'hiver de moins que sans les changements climatiques. Ce chiffre élevé est dû encore une fois à la proximité du point de congélation de la température moyenne dans plusieurs villes états-uniennes. Cette tendance s'observe dans la pratique des activités hivernales et du tourisme dans les régions nordiques. Il y a deux ans, la célèbre patinoire du canal Rideau à Ottawa n'avait pas été ouverte une seule journée. Dans les Alpes, la saison de ski raccourcit année après année. Il y a quelques jours, une course de la Coupe du monde de ski a été annulée à Tremblant. En mars dernier, les finales de la Coupe du monde de planche à neige ont été annulées en Allemagne, faute de neige. Le Comité International Olympique se pose même des questions sur la survie des Jeux d'hiver. En 2023, aucune entreprise n'a jugé bon de déposer une soumission pour la construction d'une piste de bobsleigh pour les jeux de 2026 en Italie.

Recherchés : glace et neige
Les amateurs de motoneige qui passent de plus en plus de temps à entretenir et à admirer leur bolide qu'à le chevaucher n'ont pas besoin de statistiques. Notons tout de même que la température moyenne pour décembre, janvier et février a augmenté partout au Québec entre la période de 1961-1990 et celle de 1991-2020. On parle de 1,5° à Montréal, 0,9° à Québec, 1,2° à Val-d'Or et 0,4° à Sept-Îles.
Avec la collaboration d'Alexandra Giroux, météorologue.