20 degrés en novembre: exception ou nouvelle réalité?
Espérer des journées au-dessus de la barre des 20 degrés en plein mois de novembre: illusion vouée à la déception ou attente désormais réaliste? Seul l'avenir (et les statistiques) peut répondre à cette question.
Le mois où le mercure dégringole
On aimerait bien que les chaleurs estivales durent éternellement. Mais hélas, force est de constater que 20 degrés en novembre, ce n’est pas monnaie courante. C'est même de 10 à 15 degrés au-dessus de la normale. Au cours des 15 dernières années, ça s'est produit quelques fois au Québec, Mais étonnamment, pas à Montréal. De 1976 à 2019, pas une seule journée de 20 degrés n'aura été enregistrée dans la métropole. Puis, après 45 ans d’attente, c'est arrivé à 3 reprises en novembre 2020.
Une décennie chanceuse
Cela étant dit, les Québécois ont récemment pris une certaine habitude de vivre des journées de 20 degrés en plein mois de novembre. En effet, le phénomène s'est répété dans la dernière décennie.
Et pour cause : depuis 2010, cela est arrivé à huit reprises. Toutes les années entre 2010 et 2016 ont enregistré un mois de novembre réchauffé par un minimum d'une journée ayant franchi la barre des 20. Par la suite, le retour à la froideur typique a dominé de 2017 à 2019, avant l'explosion de la chaleur de six jours d'affilée de novembre 2020. Puis, le froid a regagné son territoire de novembre en 2021.
L'année 2022 pourrait donc nous éclairer afin de savoir si les journées de 20 en novembre sont une tendance lourde pour le futur ou une anomalie passagère.
La baisse des attentes et des mercures
Reste que le contexte saisonnier ne joue pas en faveur de la chaleur quasi estivale en plein mois des morts. Il existe une nette différence de températures entre octobre et novembre. En octobre, il est possible d'atteindre un 20 degrés environ 12 % du temps alors qu'en novembre, les attentes sont revues à la baisse. On peut espérer des journées de 12 degrés, à une fréquence similaire.
Des forces atmosphériques particulières
Une configuration particulière des forces atmosphériques, que l'on appelle l'oscillation Atlantique Nord, est un facteur clé pour l'émergence d'une chaleur si tardive. En mode positif, l'air froid demeure à l'écart du Québec et la douceur peut s'y installer pour des périodes plus ou moins longues.
Le transport d'air tropical par une dépression en provenance du sud des États-Unis vers nos régions permet à la chaleur de rejoindre le Québec. Le hic, c'est que cette chaleur inespérée est généralement très brève – quelques heures dans une journée – et tourmentée par le vent.
Le timide soleil de novembre
Il faut aussi savoir qu'après la Toussaint, le sol est de sept degrés plus froid qu'en octobre et, par conséquent, est plus difficile à réchauffer. De plus, le soleil de novembre est en déclin et plombe moins directement vers le Québec qu'en octobre. Il irradie même de 50 % moins d'énergie en novembre qu'en octobre. Et cette tendance se maintiendra au cours des prochains siècles.
Les chances sont plus hautes au début
Les statistiques (et la logique) nous indiquent que les chances de connaître une journée de 20 degrés sont plus grandes dans les premiers jours du mois de novembre. Depuis 2020, les derniers 20 degrés observés au Québec ont eu lieu en moyenne autour du 3 novembre.
Mais il y a des exceptions. Le cas du 24 novembre 2014 est intéressant. Il s'agissait d'une chaleur coup de poing : la veille il avait fait 8 et le lendemain aussi, avec des vents qui soufflaient à plus de 100 km/h. Aussi tard en saison, c’est le type de conditions qui vont favoriser de telles chaleurs très ponctuelles et brèves.
La localité de Saint-Anicet, d'ailleurs, aura eu droit à l'exclusivité de ces événements. D'autres cas de 20 degrés très tardifs ont eu lieu au même endroit : le 30 novembre 2006, le 24 novembre 2003 et le 28 novembre 1990. Rappelons aussi que, le 24 décembre 2015, il a fait 21 degrés à Saint-Anicet : une première pour le Québec en décembre.
_Avec la collaboration de Réjean Ouimet, expert météo à MétéoMédia