Analyse préliminaire de l’hiver : le Québec risque de vivre un choc
Après un automne au goût d’été, le Québec pourrait basculer rapidement vers un tout autre décor. « Avec un automne doux, le choc de l’hiver est plus important qu’en temps normal, car on part de plus haut », résume le météorologue Réjean Ouimet. Les sautes d’humeur du thermomètre observées ces jours-ci en donnent déjà un avant-goût.
En bref :
Transition abrupte vers l’hiver attendue en novembre;
Températures près des normales ou sous celles-ci de l’Ouest jusqu’au Québec au tout début de l’hiver, puis des redoux possibles;
La trajectoire dominante des tempêtes devrait emprunter la région des Grands Lacs puis descendre le Saint-Laurent.
Pourquoi parler de « choc »?
Selon Réjean Ouimet, météorologue, « la rupture s’opère en moyenne autour du 15 novembre pour les cas répertoriés de transition accélérée vers l’hiver ». Deux scénarios sont alors possibles. Le premier : un froid qui vient par touches de quelques jours. « Dans ce cas, le vortex polaire est plutôt distant et le froid, pas très bien organisé, ne tient pas longtemps. »
Plus rarement, le froid peut s’installer pour un mois jusqu’au cœur de décembre, comme en 1997, 2000 (de façon définitive) et 2021.
Le cas de cette année est discutable, mais il va certainement marquer les esprits par effet de contraste.
-Réjean Ouimet
Le calendrier habituel… et ce que 2025 pourrait réserver
À titre indicatif, l’arrivée des conditions hivernales (froid et neige) respecte généralement cette chronologie : 17 novembre à Val-d’Or, 29 novembre à Québec, 30 novembre à Gaspé et 12 décembre à Montréal. Avant le solstice, le Québec reçoit en moyenne 9 bordées et 50 à 100 cm de neige mesurable. Rien n’indique pour l’instant que 2025 s’en éloignera franchement.

Après un début d'hiver mordant pour une large portion du pays (voir carte-ci haut), les prévisions préliminaires de MétéoMédia et The Weather Network indiquent des températures près des normales ou légèrement sous celles-ci pour les mois de décembre, janvier et février, et ce, des Prairies jusqu’au Québec.

Les exceptions plus douces concerneraient le nord-ouest du pays, du nord de la Colombie-Britannique au Yukon, ainsi que les Maritimes, jusqu’à la Basse-Côte-Nord, au Québec.
Tempêtes : où passeront les systèmes?
La trajectoire dominante des perturbations devrait visiter les Grands Lacs et remonter le Saint-Laurent. La côte de la Colombie-Britannique devrait aussi voir des épisodes plutôt actifs par moments.

Le contexte atmosphérique à grande échelle
L’hiver prochain devrait se dérouler sous une La Niña faible (ou un neutre proche de La Niña), soit une anomalie froide des eaux équatoriales du Pacifique. Or, « La Niña n’est pas une formule magique : même au Québec, tout le monde ne vit pas son hiver à l’identique en cas d’hiver La Niña », rappelle Réjean Ouimet. Quatre des cinq derniers hivers l’ont montré (2023-2024 tenait de l’exception El Niño) : certains ont été franchement froids, d’autres variables, alternant vagues de froid et redoux marqués.

Le Pacifique Nord devrait jouer un rôle clé cette année. Une canicule marine y persiste et, si celle-ci bloque le courant-jet, de l’air arctique peut plonger profondément vers le centre et l’est du Canada, des Prairies au Québec. Mais ces mêmes eaux chaudes facilitent aussi des dégels prolongés dès que le blocage se rompt, permettant à l’air doux du Pacifique d’inonder temporairement le pays.

Là encore, ce phénomène milite pour un début d’hiver possiblement plus froid que la normale, ponctué de redoux parfois significatifs, d’autant que l’anomalie chaude tend à se résorber ces dernières semaines près des côtes de la Colombie-Britannique.
Rendez-vous le 26 novembre
Notre lecture de l’hiver à venir demeure préliminaire. Un aperçu complet paraîtra le 26 novembre. D’ici là, suivez nos mises à jour : un petit décalage du courant-jet peut transformer un choc hivernal en simple frisson, ou l’inverse.
Avec la collaboration de Réjean Ouimet et Bertin Ossonon, météorologues.