Automne 2025 : un départ fulgurant et une fin surprenante
À l'occasion de l'équinoxe d'automne ce 22 septembre, qui marque le début de l'automne astronomique, on dresse un portrait de ce que la saison nous réserve.
En bref :
Fin septembre et octobre : temps calme, généralement sec et plutôt ensoleillé;
Novembre : virage vers le froid et systèmes plus costauds;
Hiver s’imposant rapidement en décembre.

Températures : une saison en trois temps
Les météorologues de MétéoMédia prévoient un automne plus chaud que la normale pour une grande partie du pays, y compris le Québec. À court terme, d’ici la fin septembre, c'est le temps doux et agréable qui va dominer.

« L’automne est toujours une saison de transition marquée par des variations de températures qui tendent inévitablement vers le froid. Cette année, toutefois, la transition devrait être plus graduelle qu’à l’habitude », explique le météorologue Kevin Cloutier.
Puis, de la fin septembre à la fin octobre, le cœur de l’automne, la douceur va prendre toute la place. Les contrastes thermiques s’atténueront et le temps sera plus stable, souvent agréable. Les journées ensoleillées vont être nombreuses et idéales pour la randonnée et les activités extérieures.
Cela s’explique par le fait qu’une crête, favorisée par des anomalies exceptionnellement chaudes dans le Pacifique Nord, aura tendance à s’installer souvent sur l’est du Canada.
Le rouge dominant sur la carte des températures est causé principalement par le mois d’octobre qui sera le plus anormalement doux des trois prochains mois, affirme le météorologue Réjean Ouimet. C’est notre gros joueur de centre de l’automne.

Un changement de régime brutal est toutefois prévu en fin de parcours en novembre avec des avant-goûts d’hiver de plus en plus fréquents. Sur notre carte saisonnière, le Québec ressort au-dessus des normales pour les températures sur l’ensemble de l’automne, avec un risque de fraîcheur plus marqué en fin de parcours. « Un important changement de régime arrivera en novembre, tout d’abord pour les provinces de l’Ouest, puis dans l’est du pays à la toute fin de la saison », indique le météorologue André Monette.
« Traditionnellement, la cassure vers le temps plus froid a lieu au cours de la troisième semaine de novembre. Il y a possibilité de voir un peu de retard cette année. D’où le choc plus grand », souligne Réjean Ouimet.
Précipitations : pas d’excès, sauf au nord
Un automne doux est souvent un automne plus tranquille. C’est ce qu’on anticipe cette année : moins de journées pluvieuses et moins de tempêtes que la normale en septembre et en octobre dans le sud du Québec. À titre de référence, les normales montréalaises pour l’automne météorologique (septembre, octobre et novembre) sont d’environ 254 mm de pluie et de 16 cm de neige (surtout en novembre, parfois dès octobre).

L’activité devrait toutefois reprendre en novembre. Ce sera particulièrement vrai dans le couloir Abitibi–Lac Saint-Jean–Côte-Nord, où les accumulations pourraient dépasser la normale, surtout si la trajectoire des systèmes automnaux se décale plus au nord, comme prévu. Ce surplus a davantage de chances de se concrétiser en novembre, lorsque le courant-jet, soit le corridor des dépressions, s’activera.
« Ce sont surtout ces secteurs qui risquent de recevoir la majorité des précipitations associées aux tempêtes automnales en fin de saison », précise Kevin Cloutier. « Une partie de ces précipitations risque de tomber sous forme de neige », ajoute-t-il.

Pour ce qui est des précipitations, l’exemple de 2013 est instructif, selon le météorologue Réjean Ouimet : il s’agit d’une année analogue, c’est-à-dire similaire au contexte actuel sur le plan des grands paramètres atmosphériques. Les 26 et 27 novembre 2013, il était tombé de 15 à 25 cm de neige sur l’ensemble de la province. On ne peut pas prévoir un tel scénario plusieurs mois à l’avance, mais mieux vaut prévoir son rendez-vous pour installer les pneus d’hiver plus tôt que tard.

Tropiques et orages : des surprises possibles
Avec les variations de température en début de saison, quelques orages isolés, mais costauds demeurent possibles en septembre, notamment au passage de systèmes vigoureux.
On surveillera également les tropiques, particulièrement en septembre et en octobre, soit le cœur de la saison des ouragans dans l’Atlantique. Le principal risque tient aux restes de tempêtes qui se recourbent vers le nord-est et peuvent générer d’importantes précipitations.
Un seul reste de tempête peut faire pencher la balance pour les cumuls de précipitations et changer l’impression de la saison, rappelle Kevin Cloutier.

Le risque demeure toutefois plutôt faible, estime Réjean Ouimet : « L’anomalie de température des eaux de surface dans l’Atlantique à nos latitudes est négative, notamment en raison du passage d’Erin. L’anticyclone atlantique sera donc moins vigoureux et moins susceptible de dévier les tempêtes vers la côte Est, ce qui atténue cette menace indirecte pour le Québec. »
Un changement de régime qui arrive par l’Ouest, puis vers nous
Les modèles suggèrent qu’un changement de régime s’installera graduellement à partir de l’Ouest canadien au fil du mois d’octobre, avec plus d’intrusions d’air frais vers les Prairies. Une trajectoire dépressionnaire plus active est attendue en novembre, gagnant le centre puis l’est du pays. Pour le Québec, cela se traduira par une vraie montée en puissance des systèmes à l’approche de l’hiver.
L’ouest du pays est à surveiller car le froid et la neige ont un effet d’entraînement sur l’hiver qui s’installe et ils vont se liguer pour constituer une menace froide vers le Québec dans les semaines suivantes, prévient Réjean Ouimet.
En résumé : l’automne nous offre un long entracte, mais le baisser de rideau pourrait être abrupt, avec un vrai départ hivernal d’ici Noël. Les centres de ski du Québec devraient être en bonne posture pour le temps des Fêtes même si l’ouverture très hâtive n’est pas le scénario anticipé. Et les chances d’avoir un Noël blanc sont bonnes : à suivre dans notre aperçu de l’hiver à paraître en décembre.
Le contexte océanique et atmosphérique : un Pacifique Nord brûlant
En plus des modèles météorologiques, l’analyse des phénomènes qui façonnent le contexte atmosphérique et océanique nous aide à dresser le portrait des saisons à venir. À noter cet automne : l’anomalie de chaleur exceptionnelle dans le Pacifique Nord. « Cette configuration a tendance à repousser le courant-jet vers le nord, favorisant un régime plus doux et moins actif sur une grande partie de l’Amérique du Nord, en dehors des zones les plus au nord », explique Doug Gillham, prévisionniste en chef de The Weather Network.
« En avançant dans la saison, toutefois, le renforcement du gradient thermique nord-sud fait onduler davantage le courant-jet et favorise des crêtes qui remontent vers l’Alaska. Cela ouvre la porte à des déferlements d’air arctique de l’autre côté du courant-jet, donc sur le Canada, d’abord à l’ouest et au centre, avec un risque que ces poussées se propagent jusqu’à l’est. »

Parallèlement, une La Niña faible pourrait émerger au cours des prochains mois. Rappelons que ce phénomène climatique est caractérisé par une anomalie froide des températures des eaux équatoriales de l’océan Pacifique. Pour l’automne, ce signal est généralement associé à un contexte plus doux à l’est des Rocheuses, ce qui va dans le même sens que l’effet attendu de l’anomalie de chaleur dans le Pacifique Nord.
Le tour du Canada en un coup d’œil
Dans l’Ouest canadien, on vit un début de saison très chaud, mais on connaîtra assez rapidement une transition fraîche vers des valeurs proches, voire sous les normales, surtout en novembre. En Colombie-Britannique côtière, le risque de gros événements pluvieux est accru, en raison du Pacifique nord anormalement chaud. Donc pas forcément plus de jours de pluie, mais des épisodes plus intenses quand les dépressions s’alignent.

L’Ontario, comme le Québec, devrait connaître des mois de septembre et octobre agréables, avec peu de perturbations. Des systèmes plus puissants pouvant amener de la neige, surtout au nord, pourraient se présenter en novembre et les températures seront alors en chute libre.
Pour ce qui est des provinces maritimes, on prévoit un automne plus doux et souvent sec au départ; l’essentiel de la variabilité dépendra d’un éventuel passage tropical. Là aussi, glissade marquée des températures en novembre, avec des premières touches hivernales.

Avec la collaboration de Kevin Cloutier, Réjean Ouimet, Patrick Duplessis, André Monette et Doug Gillham, météorologues.