Des records confirment une tendance irréversible au Québec et dans le monde

Anne-Sophie ColombaniVidéaste Météorologue

Une série époustouflante de records ont été fracassés depuis le début de l’année au Québec, mais surtout ailleurs dans le monde. La chaleur extrême ne cesse de voler la vedette et de mettre en lumière le fait que la Terre subit des changements majeurs.

Non seulement le mois d’août a été le deuxième plus chaud sur Terre depuis le début des données, mais l’été 2020 a été le plus chaud dans l’hémisphère Nord. En effet, d’après la NOAA, une anomalie record de 1,17 °C au-dessus de la normale a été observée, surpassant ainsi les années 2016 et 2019.

JUINA AOUT NOAA

Cependant à l’échelle mondiale, cet été météorologique, qui correspond à la période de juin à août, a été le troisième plus chaud à 0,03° du record de 2016. Les 25 années les plus chaudes de la planète depuis 1880, soit le début des données, ont été enregistrées après 1990.

JUINA AOUT NOAA

Au Québec, des températures au-dessus des normales ont été enregistrées durant l’été. Montréal a connu son 5e été le plus chaud depuis 1942. L’Abitibi et la Gaspésie se sont positionnées aussi dans le top 10 des étés les plus chauds.

Mais depuis le début de l’année, c’est en Sibérie que l’anomalie la plus chaude sur Terre se retrouve. Cela a permis en partie d’atteindre la deuxième place du podium des températures les plus chaudes de janvier à août sur 141 ans. 2020 n’est que 0,05 °C plus froid que l’année record de 2016. L’Europe, l’Asie et les Caraïbes connaissent la période de janvier à août la plus chaude de leur histoire. Le nord de l’Asie enregistre une anomalie exceptionnelle de 3° au-dessus des normales. Seuls l’Alaska, l’Ouest canadien, le nord de l’Inde et les océans les plus au sud connaissent des températures sous les normales.

JANVIER A AOUT 2020

À Montréal, la moyenne des températures de ces huit premiers mois est dans le top 5 des plus chauds avec plus de 1° au-dessus des normales. La première place est l’année 2010 suivie de 2012. La ville de Québec connaît un début d’année remarquable en se classant déjà en 6e position des plus chaudes.

TOP J À AOUT

Depuis le début de l’année, les records de chaleur se sont enchaînés et voici quelques-uns qui ont déjà marqué l’histoire :

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RECORDS NATIONAUX BATTUS OU ÉGALÉS

Le climatologue, M. Herrera, a répertorié depuis le début de l’année huit records de chaleur contre zéro record de froid.

-La Colombie a égalé son record de chaleur avec 42,6° à Jérusalem le 19 février 2020.

-Le Ghana a enregistré sa valeur la plus chaude de l’histoire avec 44° à Navrongo le 6 avril 2020.

Cuba, alors que le 10 avril, l’île a enregistré son mercure le plus chaud de l’histoire avec 39,2° à Palo Seco, ce record a été battu au cours des jours qui ont suivi. Le 11 avril, la température la plus chaude était de 39,3° à Veguitas, puis 39,7° au même endroit le 12 avril, faisant de cette dernière un record absolu pour la plus grande île des Antilles.

RECORDS

-Le 14 avril, Mayotte a connu sa valeur la plus chaude avec 36,4° à Trevani.

-Le 16 juillet, c’est au tour de Taiwan de connaître sa température maximale la plus chaude avec 40,5° à Taimali Research Center.

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-Le 27 juillet, le Liban enregistre son record avec un maximum de 45,4° à Houche-Al-Oumara.

-Furnace Creek en Californie a battu un incroyable record MONDIAL, tous mois confondus avec 54,4° le 16 août 2020. La deuxième valeur la plus chaude de ce début d’année a été en Iran avec 53,5° à Mehran le 27 juillet, ce qui a été un record mensuel national. L’Arabie saoudite a connu aussi sa valeur la plus chaude pour un mois de juillet cette année avec 51,1° à Rafha.

RECORDS MONDIAUX

-le 17 août, le Japon égale sa température maximale record avec 41,1° à Hamamatsu.

Bien qu’il n’y ait pas eu de record national au Québec, on se souviendra des poussées de chaleur exceptionnelles. Montréal, pour la première fois de son histoire, a enregistré deux fois des températures au-dessus des 36° qui se sont classées directement dans le top 5 des températures les plus chaudes de son histoire. Une valeur record mensuelle de 36,6° a été enregistrée au mois de mai. C’est aussi la deuxième température la plus chaude depuis le début des données.

TMAX YUL

Mais la température la plus étonnante, bien que d’une courte durée, est sans nul doute les 36,6° enregistrés à Sept-Îles, un record absolu ! Une station avoisinante a même enregistré 37,4°, la température la plus chaude de cet été 2020 au Québec.

Mais cette année 2020 est aussi marquée par 86 records mensuels nationaux qui ont été battus contre un seul de froid.

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D’autres records à la fois dans l’hémisphère Sud et Nord font de 2020 une année historique.

-Le 6 février, la base Esperanza en Antarctique a enregistré une température de 18,4°, soit le maximum le plus chaud jamais enregistré lors d’un mois de février pour ce continent. Au cours du même mois, la base Marambio a, quant à elle, enregistré le minimum le plus haut avec 7,6°.

-Une valeur exceptionnelle de 38° a été observée le 20 juin au nord du cercle polaire en Sibérie à Verkhoïansk lors d’une canicule de onze jours. Jamais de l’histoire, il a fait aussi chaud à une telle latitude.

-Le 16 août, Furnace Creek aux États-Unis enregistre la température minimale de 40° qui est le mercure le plus haut jamais observé dans l’hémisphère Nord pour un mois d’août.

-L’Australie et l’Océanie enregistrent leur température la plus chaude pour un mois d’août avec 41,2° à West Roebuck .

-Au Nunavut, la température est montée jusqu’à 21,4° le 27 juin, c’est aussi un record pour une latitude de 80° N. En 2019, Alert avait vu son mercure grimper à 21° le 14 juillet, ce qui avait été la température la plus chaude au-delà des 80° N.

En septembre, les records continuent de tomber :

-Le Mexique a dépassé pour la première fois les 50° au mois de septembre avec 50,1° le 7 septembre, soit un record mensuel pour le pays.

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-Le grand Los Angeles a connu une valeur record de 49,4° à Chino airport.

-La France vient de connaître sa journée de septembre la plus chaude à l’échelle nationale avec 33,4° le 14 septembre. L’ancien record était de 32,6° en 1949. Le point chaud cette journée a été de 37,9° à Orthez dans les Pyrénées-Atlantiques. Au moment d’écrire ces lignes, de nouveaux records sont en train de se rajouter.

Bien évidemment, cette chaleur associée parfois au manque de précipitations a d'importantes répercussions et conséquences sur notre planète, comme les incendies en Australie, Amazonie, ou encore en ce moment dans l'ouest des États-Unis. La superficie des glaces de l'Arctique connaît de tristes records encore cette année.