Ça ne tourne pas rond dans le Grand Nord et le Québec en paie le prix
Depuis le début du mois, le Grand Nord canadien semble en surchauffe, prolongeant la douceur exceptionnelle qui a suivi un octobre historique.
Le cercle polaire a de la fièvre
Alors que le Soleil ne dépasse à peine l’horizon au-dessus du Nunavut, l’air arctique glacial typiquement canadien brille par son absence. En ce mois de novembre, le Grand Nord a de la fièvre, dans la continuité d’un octobre record. Cambridge Bay a enregistré le mois d’octobre le plus chaud de son histoire. Notons que Cambridge Bay est à 250 km à l’intérieur du cercle polaire arctique. L’endroit n’a donc pas vu le soleil depuis le 21 septembre.

Tant à Cambridge Bay qu’à Baker Lake, les températures sont largement au-dessus des normales saisonnières, atteignant jusqu’à +8° de plus que la moyenne depuis le début du mois.
Cambridge Bay : température moyenne −12,6° (+5° au-dessus de la normale)
Baker Lake : température moyenne −6,9° (+8° au-dessus de la normale)
Le mois de novembre 2025 pourrait bien rivaliser avec les plus chauds jamais observés dans cette région du pays. Les records précédents sont de −15,2° en 2024 pour Cambridge Bay et de −11,8° en 1998 pour Baker Lake..

Configuration atmosphérique inhabituelle
Au cœur de cette douceur, une situation météorologique tenace alimente un flux d’air doux de l’Atlantique vers le nord du Canada. De puissantes dépressions près du Labrador poussent aussi de l’air plus tempéré vers la région. Résultat : un véritable corridor de chaleur s’est ouvert, reliant directement les latitudes plus basses à l’Arctique supérieur. Cependant, un blocage au niveau de Groenland permet à la douceur de remonter vers le nord, mais le creux reste pris sur le Québec qui reste ainsi au froid.

Jusqu'à 15° plus chaud
Un écart de température de +10° par rapport à la normale est déjà considérable pour une journée, mais le maintenir pendant dix jours relève de l’exceptionnel. La douceur s’étend à l’ensemble du territoire du Nunavut, soit près de 2 millions de km², avec les écarts les plus marqués sur l’est du Nunavut et l’île de Baffin, où les anomalies pourraient atteindre +15° au cours des dix prochains jours.
Gel retardé
Une telle douceur prolongée va retarder considérablement la prise des glaces sur la baie d’Hudson, qui gèle habituellement entre la fin novembre et le début décembre. Au rythme actuel, la baie pourrait ne pas être complètement prise avant le début de 2026.
Un mois qui défie les règles de l’Arctique
C’est normalement une période où les températures maximales tombent sous les −20°, mais les cartes météo racontent une toute autre histoire cette année. Cette configuration empêche les températures moyennes mensuelles de suivre leur déclin saisonnier habituel, comme on le voit sur le météogramme de Cambridge Bay, où les valeurs restent obstinément au-dessus de la ligne des normales.

Douceur persistante
Pour les prochaines semaines, le Nunavut va rester sous l’influence d’un flux d’air du sud exceptionnellement doux. Les températures maximales vont se maintenir autour de −5°, bien loin des −20° habituels, plaçant le territoire sur la voie d’un des mois de novembre les plus chauds jamais enregistrés dans l’Arctique canadien.
Avec la collaboration de Kevin Cloutier et Tyler Hamilton, météorologues
