Sécheresse dans le sud du Québec : un répit inattendu

Très peu de pluie en vue. Mais les nuits fraîches pourraient sauver votre pelouse ou votre jardin. Voici de quelle façon.


Séquence séche

Depuis plus d’un mois, le sud du Québec traverse une séquence sèche inhabituelle. Montréal, l’Estrie, la Montérégie et une bonne partie de la vallée du Saint-Laurent enregistrent un déficit marqué de précipitations, une situation qui commence à avoir des répercussions visibles sur l’environnement, l’agriculture et même le quotidien.

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En temps normal, le mois d'août apporte régulièrement des épisodes de pluie ou d’orages qui viennent réhydrater les sols. Or, ces dernières semaines, les précipitations se sont faites rares, sporadiques et souvent insuffisantes pour compenser l’évaporation causée par la chaleur estivale. Dans plusieurs stations météorologiques du sud du Québec, on observe d'importants déficits de précipitations pour la période. Résultat : les sols s’assèchent, les pelouses jaunissent et les niveaux de certains cours d’eau sont en baisse.

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Mince répit

Un système va glisser au sud du Québec mercredi, et apporter quelques précipitations. On parle cependant de quelques millimètres tout au plus, et seulement les secteurs autour de Montréal, comme la Montérégie, l'Estrie et les Basses-Laurentides pourront en profiter.

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Quelques précédents

Ce n’est pas la première fois que le Québec connaît une séquence aussi sèche.

  • L'été 2012 é été marqué par l’une des pires sécheresses des dernières décennies, particulièrement en Montérégie et en Outaouais. Les cultures avaient subi de lourdes pertes et plusieurs municipalités avaient imposé des restrictions d’eau.

  • En 2020, un mois de mai anormalement sec avait ouvert la saison estivale, suivi d’un déficit marqué en juin. Le sud du Québec avait dû composer avec des conditions similaires, aggravées par des épisodes de chaleur.

  • En 2023 ce fut l'inverse : il avait été dominé par l’excès de pluie, avec des inondations dans plusieurs régions. Cette alternance entre excès et déficit illustre bien la variabilité extrême des précipitations au Québec.

Rosée matinale

Cependant, on remarque qu'après une journée ensoleillée et agréable, il suffit que la nuit soit fraîche pour que l’air paraisse soudainement plus humide au petit matin. Pourquoi la baisse de température nocturne augmente-t-elle l’humidité ressentie dans l’air? C'est une question de point de rosée.

L’humidité dans l’air n’est pas seulement une question de quantité d’eau, mais aussi de température. Plus l’air est chaud, plus il peut contenir de vapeur d’eau. À l’inverse, quand la température descend durant la nuit, la capacité de l’air à retenir cette vapeur diminue. Résultat : le taux d’humidité relative grimpe automatiquement, même si la quantité réelle de vapeur d’eau n’a pas changé.

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C’est ce qui explique pourquoi tôt le matin, l’humidité atteint souvent son maximum quotidien. Quand la température de l’air s’approche du point de rosée, l’excès d’humidité se condense et forme la rosée sur le gazon, les voitures ou les fenêtres.

Brouillard parfois enchanteur

Les nuits claires et calmes favorisent particulièrement ce processus. L’air se refroidit rapidement près du sol, ce qui fait grimper l’humidité relative jusqu’à saturation. C’est alors que le brouillard peut se former, créant parfois un décor féérique au lever du soleil. Dans les vallées, où l’air froid a tendance à s’accumuler, l’humidité matinale est encore plus marquée. Ce contraste est souvent visible lorsqu’on observe des nappes de brouillard dans les basses terres, alors que les collines voisines restent dégagées.

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Si les journées sont chaudes et sèches, les nuits fraîches apportent une pause bienvenue en rafraîchissant l’atmosphère en plus d'apporter un peu d'hydratation passive aux sols. Mais cette hausse d’humidité relative au petit matin peut aussi accentuer l’impression de moiteur lorsque le soleil reprend sa vigueur. Elle contribue également à la formation de rosée abondante, importante pour l’agriculture, mais moins agréable sur les vêtements après une promenade matinale dans l’herbe.

Avec la collaboration de Nicolas Lessard, météorologue.

EN IMAGES : En plein coeur de l'ouragan Erin.