Trois immenses feux, 100 000 évacués : la région de Los Angeles brûle
Près de 100 000 personnes ont déjà été évacuées, et le pire pourrait se développer mercredi matin. Trois feux destructeurs font rage dans le comté de Los Angeles.
Des feux incontrôlables
Au cours de l'année 2024, plus de 8 000 incendies ont été rapportés en Californie. Plus de 4 250 km carrés de forêt ont brûlé. C'est loin de l'année record de 2020 et ses 18 000 km carrés, mais c'est tout de même plus que la moyenne des 25 dernières années. Et 2025 démarre de façon catastrophique. Plusieurs facteurs vont augmenter le danger de feux de forêt dans la région de Los Angeles, ainsi que leur propagation. De fait, le secteur est déjà la proie des flammes et la situation risque de se détériorer rapidement. Mardi soir, les autorités ont demandé aux résidents de Malibu d'être prêts à évacuer leur demeure rapidement.
Trois feux majeurs
Trois foyers d'incendie font rage mercredi matin dans le comté de Los Angeles, et 1 400 pompiers travaillent pour les contenir. Sur plusieurs routes, des automobilistes ont abandonné leur véhicule pour échapper aux flammes à pied. Sur Sunset Boulevard, une trentaine de voitures ont dû être déplacées avec un bulldozer pour faire place aux véhicules d'urgence. L'incendie de Palisades est le plus destructeur. Il avance d'une surface équivalant à cinq terrains de football chaque minute. Des dizaines de milliers de personnes, de Malibu à Santa Monica, ont été évacuées de leur demeure. Il y a aussi l'incendie Eaton au nord de Pasadena, et le Hurst, au nord de San Fernando.
Drapeau rouge
Le contexte météo coche toutes les cases pour le développement spectaculaire de vents de Santa Ana. Si bien qu'en terrain montagneux, les rafales ont atteint 160 km/h. On parle donc de vents dignes d'un ouragan, mais chauds et secs. Toute la région de Los Angeles, de Carlsbad jusqu'à Ventura en passant par Malibu et San Bernardino, est en alerte de type « drapeau rouge ». Ces forts vents pourraient faire tomber des arbres et des lignes électriques. Nul besoin d'expliquer ce qui peut se produire si des lignes à haute tension entrent en contact avec des arbres secs. Ajoutez à cela un vent puissant, chaud et sec, et la recette pour des feux de forêt qui se propagent à la vitesse de l'éclair est complète.
Avions cloués au sol
Les avions-citernes qui sont habituellement utilisés pour combattre les feux de forêt ne peuvent pas voler à cause des vents qui dépassent régulièrement les 100 km/h. Les pompiers doivent donc combattre les flammes au sol, dans des endroits accidentés et même souvent hors d'atteinte.
Transports perturbés
À Santa Clarita notamment, à 30 km d'Hollywood, on prévoit que les vents pourraient atteindre 120 km/h, avec des rafales à près de 150 km/h. Le centre-ville de Los Angeles devrait éviter ces puissantes rafales, mais on y attend tout de même des rafales à plus de 50 km/h entre mardi soir et mercredi. Évidemment, le transport aérien sera perturbé et de nombreux retards sont à prévoir pour tous les vols en direction ou en provenance du sud de la Californie. Les autorités prévoient même des problèmes sur les routes, alors que les camions pourraient être soufflés de leur trajectoire. Mais le plus grand danger demeure les feux de forêt, et tous les services d'urgence de la grande région de Los Angeles sont sur le qui-vive.
Un vent particulier
Tout commence par le fameux vent de Santa Ana. Quand une masse d'air sous un anticyclone se positionne sur les secteurs désertiques de l'Utah et du Nevada et qu'une dépression se forme sur l'océan Pacifique au large de la Californie, on observe une importante différence de pression entre ces deux zones. L'air frais et sec s'écoule alors vers le chemin offrant le moins de résistance, soit les cols et vallées dans la Sierra Nevada. Par canalisation, à mesure que la largeur des cols et vallées se rétrécit, le vent de Santa Ana est amplifié. Du même coup, l'air descend d'une altitude élevée, la pression barométrique augmente, ce qui réchauffe sa température jusqu'à 10 °C pour chaque 1 000 mètres de descente. L'humidité relative, déjà faible au départ, diminue avec ce réchauffement. Le résultat final est un vent fort, chaud et très sec qui souffle du bas des cols de montagne dans les vallées et la plaine côtière.
Avec la collaboration de Nicolas Lessard, météorologue.
