Le retour de ce phénomène risque de façonner l'hiver prochain

Les météorologues gardent un œil attentif sur le Pacifique équatorial : les signes d’un retour de La Niña se multiplient et le phénomène pourrait faire sentir ses effets jusqu’au Québec dès l’hiver prochain.

Une visite de courte durée

Le centre de prévision du service météorologique américain a émis jeudi un avis de veille La Niña. Concrètement, cela signifie que les experts du centre constatent des conditions favorables au développement d’un épisode La Niña dans les six prochains mois.

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En ce moment, les eaux du Pacifique équatorial se situent autour des valeurs normales, ce qui correspond à des conditions ENSO neutres (ni El Niño, ni La Niña). Mais cette stabilité ne devrait pas durer.

ENSO : Acronyme de « El Niño - Southern Oscillation » (El Niño - oscillation australe), un système météorologique qui établit des liens entre le phénomène El Niño (ou son contraire, La Niña) et l’oscillation australe de la pression atmosphérique dans le Pacifique, et qui a des effets profonds sur les températures et les précipitations jusqu’en Amérique du Nord.

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D’ici quelques mois, les eaux devraient se refroidir d’au moins 0,5 °C sous la normale, le seuil qui doit être atteint pour parler de conditions La Niña. « Pour l’instant, les prévisions indiquent un retour de La Niña entre la fin de l’automne et le début de l’hiver. C’est un élément à surveiller », souligne le météorologue Kevin Cloutier. Le centre de prévision du service météorologique américain parle de septembre à janvier.

Si les prévisions se confirment, il s’agirait d’une manifestation plutôt faible et trop courte pour être qualifiée officiellement d’épisode La Niña , car on annonce un retour à des conditions neutres dès la deuxième moitié de l’hiver. Le dernier épisode La Niña avait débuté à l’automne 2021 et avait pris fin à l’hiver 2023.

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Quels effets au Canada et au Québec?

Historiquement, La Niña tend à favoriser des températures sous les normales dans l’ouest du Canada et un couloir de tempêtes plus actif au-dessus des Grands Lacs et de l’est du pays. Et si chaque manifestation de La Niña est unique, les hivers marqués par ce phénomène ont, en moyenne, été légèrement plus neigeux que la normale au Québec, selon les données climatiques de 1991 à 2020.

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Le météorologue Réjean Ouimet nous rappelle un exemple exceptionnel d’un hiver où La Niña a lourdement fait sentir sa présence : « On a connu un cas extraordinaire en 2008, un hiver record dans plusieurs régions pour la quantité de précipitations. Cet hiver épique a été marqué par 37 bordées de 15 cm et 22 de 25 cm et plus à l'échelle du Québec ».

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Cependant, il faut rappeler que La Niña n’est qu’un facteur parmi d’autres. L’intensité, la durée et l’interaction avec d’autres systèmes météorologiques peuvent moduler ses effets. Dans le cas présent, on s’attend à ce que l’impact d’une La Niña faible soit plus discret, avec des changements moins marqués au quotidien.

Avec la collaboration de Kevin Cloutier, météorologue

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