La Niña est de retour, mais voici ce qui pourrait façonner l'hiver

On observe d'importantes variations des températures de surface dans le Pacifique. Ça pourrait avoir une influence sur notre hiver. Explications.


Une Niña modeste

La Niña est officiellement arrivée au début d’octobre, signe que ce phénomène pourrait influencer nos régimes météo à l’approche de l’hiver. Mais un autre événement inhabituel, beaucoup plus proche de nous, pourrait avoir un impact encore plus important sur la saison à venir. Cet hiver débutera avec une La Niña faible, c’est-à-dire une configuration de températures de surface plus fraîches que la normale autour de l’équateur dans l’est du Pacifique. On connaît bien la tendance des hivers de La Niña : quatre épisodes se sont produits lors des cinq dernières saisons. Typiquement, La Niña modifie le courant-jet de sorte que des conditions plus fraîches que la normale peuvent déferler sur l’Ouest canadien, tandis qu’une trajectoire active des systèmes orageux se met en place sur la moitié est du pays. L’effet est cependant moins marqué quand l’événement est faible.

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5° plus chaudes

Depuis le début de l’année, les températures de l’eau de surface dans le Pacifique nord, entre le Japon et la Colombie-Britannique, sont montées au-dessus des normales saisonnières. À certains endroits, les anomalies ont culminé de 3° à 5° par rapport à la moyenne. Ces « vagues de chaleur marines » peuvent provoquer des effets à grande échelle, y compris au Canada. Ces eaux exceptionnellement chaudes exercent une influence concurrente sur la saison hivernale en jouant une sorte de « souque à la corde » avec le courant-jet.

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Blocage possible

Une telle nappe d’eau chaude peut favoriser l’établissement d’un blocage atmosphérique qui encourage l’irruption d’air froid venant du nord sur une grande partie du pays. Ces poussées de températures sous la normale se propagent parfois des Prairies jusqu’au Québec. Mais quand ce blocage cède, la chaleur océanique peut au contraire alimenter des masses d’air moins froides qui répandent un redoux d’un océan à l’autre.

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Surprise au nord

Toutefois, une tendance récente complique la prévision : les températures marines se sont nettement refroidies au large de l’Alaska et de la Colombie-Britannique au cours des dernières semaines. La façon dont cette situation va évoluer au cours des deux prochains mois devrait déterminer l’ampleur de l’influence de ce schéma sur notre hiver. Si le refroidissement se maintient, le blocage serait moins prononcé, ramenant le froid vers l’Ouest canadien et entraînant moins de dégel généralisé au cœur de la saison.

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En bref :

La Niña est présente et peut jouer un rôle, mais l’état des eaux du Pacifique nord, ainsi que leur évolution dans les semaines à venir, pourrait bien être le facteur déterminant qui façonnera l’hiver 2025-2026 au Canada.

Avec la collaboration d'Alexandra Giroux, météorologue.

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