Crues subites : les événements catastrophiques se multiplient
Les États-Unis sont frappés depuis plusieurs jours par une série de crues subites meurtrières, notamment au Texas, où plus de 200 personnes sont mortes ou portées disparues, mais aussi dans les Carolines, au Nouveau-Mexique et même à Chicago. Qu’est-ce qui explique ces phénomènes météorologiques extrêmes? On y répond.
En bref :
L’eau précipitable est l’un des principaux facteurs qui favorise les crues soudaines;
Le niveau actuel est très élevé pour la saison sur une grande partie du continent;
Les scientifiques prévoient que ce type d’événements extrêmes deviendra plus courant.
Une atmosphère saturée en humidité
Ces événements catastrophiques sont liés à une quantité anormalement élevée d’eau précipitable – soit la quantité d’eau contenue dans une colonne d’air sous forme de vapeur – dans l’atmosphère. Le météorologue Kevin Cloutier explique que « beaucoup, beaucoup d’humidité » est présente « à tous les niveaux de l’atmosphère », ce qui favorise la formation de précipitations soudaines et intenses.

Au Texas, par exemple, le système issu des restes de la tempête Barry a fait tomber jusqu’à 500 mm de pluie par endroits entre le 3 et le 8 juillet. Le niveau de la rivière Guadalupe, qui a emporté des centaines de personnes et causé d’immenses dégâts, a monté de 8 mètres en 45 minutes seulement.

Dans des tweets publiés le 9 juillet, le météorologue Ben Noll, du Washington Post, compare l’eau précipitable au niveau de carburant dans le réservoir d’une voiture : plus il y en a, plus la pluie peut être abondante. Et en ce moment, « les niveaux de carburant sont très élevés », affirme-t-il, ce qui signifie que d’autres événements de crues subites sont probables dans les prochains jours.
Le 9 juillet, les autorités américaines relevaient un risque important de crues subites pour une bonne partie de la Caroline du Nord et de la Virginie, ainsi que pour Washington et Philadelphie, entre autres.

En date du 9 juillet, il y a eu 320 signalements d’inondations aux États-Unis depuis vendredi dernier et ce à travers 25 États.
Des niveaux d’humidité record
En comparant les niveaux d’humidité actuels aux données relevées depuis 1940, Ben Noll a constaté que la vaste majorité du territoire des États-Unis et du sud du Canada sont au-delà des 90 percentiles, c’est-à-dire que l’eau précipitable dans l’air est supérieure à 90 % des quantités enregistrées des 85 dernières années à ce temps-ci de l’année. On a même dépassé des records par endroits.

Cette humidité est poussée dans l’atmosphère de l’Amérique du Nord par un anticyclone sur les Bermudes qui agit comme un entonnoir et fait remonter de l’air chaud et humide en provenance des latitudes tropicales et subtropicales de l’Atlantique, où les températures de la mer sont bien au-dessus des normales.
Des événements qui risquent de se répéter
Des crues subites comme celles qui ont dévasté le Texas et d’autres régions américaines devraient malheureusement devenir de plus en plus communes.
Le réchauffement climatique entraîne forcément plus d’humidité, car plus l’air est chaud, plus grande est sa capacité de contenir de la vapeur d’eau. On pourrait donc voir plus régulièrement des quantités d’eau précipitable similaires à celles observées en juillet 2025. Résultat : des pluies plus intenses, des crues subites plus fréquentes, soudaines et donc plus dangereuses.
Avec la collaboration de Kevin Cloutier, météorologue
