Long terme : une absence prolongée risque de causer des ennuis

Le Québec vit une séquence sèche qui pourrait se prolonger jusqu’à la mi-septembre. Malgré quelques occasions de pluie, la tendance des prochaines semaines laisse présager des maux de tête pour les agriculteurs et les amateurs de pelouses vertes.

Une sécheresse bien installée

Un front froid traversera le sud et l’est de l’Ontario ainsi que le sud du Québec samedi soir et dimanche. Des averses et des orages localisés pourraient accompagner ce système, mais ces précipitations demeureront insuffisantes pour combler le déficit hydrique accumulé depuis des semaines.

Les prévisions à long terme confirment une tendance sèche qui se poursuivra au moins jusqu’au début septembre. Les seules occasions de pluie significatives viendront de systèmes orageux liés à la ceinture de feu (« ring of fire ») – cette zone où deux masses d’air, froide au nord et chaude au sud, se rencontrent – ou au passage de fronts froids. « Ces derniers, et c’est typique du mois d’août, pourraient avoir davantage de mordant en raison de contrastes de masses d’air plus marqués que précédemment cet été », indique le météorologue Réjean Ouimet.

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Peut-on espérer un secours des tropiques?

Une autre option qui pourrait générer de la pluie : les systèmes tropicaux. La tempête tropicale Erin, devenue le premier ouragan dans l’Atlantique vendredi, devrait atteindre le stade d’ouragan majeur cette fin de semaine.

Sa trajectoire, encore incertaine, devrait la faire longer la côte américaine au large, et pourrait passer près des provinces atlantiques canadiennes. Des pluies seraient bénéfiques pour ces régions aux prises avec d’importants incendies de forêt. Pour le Québec toutefois, rien n’indique qu’Erin renversera la tendance sèche.

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Mais après Erin devraient venir Fernand, Gabrielle, Humberto, etc. « On approche du cœur de la saison des ouragans et les tropiques devraient entrer en ébullition, rappelle Réjean Ouimet. L’anticyclone au-dessus de l’Atlantique qui nous vaut un été chaud et tranquille va agir comme pivot pour les tempêtes ».

Le pic de la saison, où on observe le plus grand nombre de tempêtes, et souvent celles qui sont les plus dévastatrices, se situe autour du 10 septembre.

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Des tempêtes automnales qui se feront attendre

Un troisième élément qui provoque habituellement des précipitations dans la Belle Province vers la mi-septembre pourrait nous faire poireauter cette année. « Les tempêtes à saveur automnale profitent généralement d’un régime météo davantage empreint de fraîcheur, explique Réjean Ouimet. Ces fameuses tempêtes, qui commencent à se manifester plus souvent qu’autrement après la mi-septembre, pourraient se faire attendre. »

Situation critique pour des producteurs agricoles

Selon Sylvain Pion, président des Producteurs de grains du Québec, ce manque de précipitations survient à un moment critique pour de nombreux agriculteurs.

« Les cultures de grains comme le maïs, le soya et certaines céréales sont particulièrement vulnérables à ce stade, parce qu’elles ont un besoin d’eau très élevé pour remplir leurs grains, et un déficit d’eau à cette période-ci peut entraîner le dessèchement, ou même la mort des plants, ce qui réduit à la fois le rendement et la qualité. »

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Les sols, déjà très secs, ne peuvent plus soutenir la croissance optimale des cultures. Et une pluie abondante isolée ne suffirait pas. « Il faudrait des précipitations régulières et significatives, idéalement réparties sur plusieurs semaines, pour rétablir l’humidité des sols et soutenir la croissance des cultures. »

De plus, la majorité des producteurs de grains n’ont pas de système d’irrigation, ce qui rend la gestion de cette sécheresse particulièrement difficile.

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Des conséquences visibles partout

Cette interminable séquence de temps sec teste aussi la patience des amateurs de pelouse verte. Alors que les appels à ne pas gaspiller l’eau potable se multiplient à mesure que le niveau des cours d’eau baisse et rend l’approvisionnement plus compliqué, dans certaines régions, les gazons ont à peine vu une goutte d’eau depuis quatre semaines.

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« En général, une pelouse bien établie et bien entretenue peut survivre jusqu’à six semaines sans eau », peut-on lire dans un article du complexe muséal montréalais Espace pour la vie, qui chapeaute notamment le Jardin botanique. On ne peut qu’espérer la collaboration de Dame Nature dans les prochains jours.