Les canicules affaiblissent notre cerveau, voici comment

Les vagues de chaleur n’influencent pas seulement notre corps — elles perturbent aussi profondément le fonctionnement du cerveau, notre humeur et notre comportement. La science s'est penchée sur le phénomène.

Perturbateur de la cognition

Dès que les températures montent, nos capacités de concentration, de mémoire, de résolution de problèmes et de flexibilité mentale s’en trouvent altérées. Des études suggèrent qu’à partir d’environ 26 °C, les performances cognitives commencent déjà à décliner, probablement en lien avec une baisse de l’oxygénation sanguine et de l’activité parasympathique. Des expérimentations neuro-technologiques ont montré une détérioration progressive de la conscience de la situation et de la mémoire de travail dans des environnements très chauds expliquant pourquoi même des tâches simples deviennent risquées dans ces conditions.

Sommeil perturbé

La chaleur nocturne fait fondre le sommeil réparateur. Or le sommeil est essentiel au bon fonctionnement du cerveau : son absence ou sa faible qualité mène à une irritabilité accrue, à un manque de concentration, voire aux troubles de mémoire. Chez les personnes bipolaires, des nuits chaudes non réparatrices augmentent le risque de crises maniaques. La sérotonine, principal régulateur de l’humeur et de l’agressivité, est directement impliquée. Des chercheurs ont observé qu’en forte chaleur, la transmission de la sérotonine au niveau cérébral est altérée, ce qui peut favoriser l’irritabilité, la violence ou la dépression, surtout chez les personnes déjà fragiles ou vulnérables.

Effets à long terme

L’exposition répétée à des températures élevées et à la pollution (comme les particules fines ou l’ozone issu du smog ou des feux de forêt) est désormais associée à un risque accru de maladies neurodégénératives comme l'Alzheimer ou la maladie de Parkinson ou la démence. Des expérimentations animales ont montré que même 15 minutes par jour de chaleur prolongée suffisent à activer des voies moléculaires liées à ces maladies. Les hospitalisations pour démence augmentent pendant les périodes de chaleur extrême. L’exposition répétée rend aussi les symptômes plus sévères chez les personnes déjà atteintes. Il est donc important de bien s'hydrater, de se maintenir au frais, d'éviter les expositions prolongées au soleil.

Recherche accrue

Alors que le changement climatique est reconnu comme une réelle menace pour la santé publique, la dimension neurologique reste peu étudiée. Renforcer la recherche en neuroépidémiologie climatique est urgent pour éviter que ces risques ne se traduisent en crise mentale systémique. Les vagues de chaleur sont désormais bien plus qu’un inconfort : elles perturbent le fonctionnement du cerveau. On doit considérer la chaleur comme un facteur de risque pour la santé mentale, au même titre que l’air ou l’eau polluée ou les catastrophes naturelles. Adapter les environnements, renforcer les filets sociaux, diffuser les bonnes pratiques et encourager la recherche sont autant de moyens de protéger notre cerveau dans un monde de plus en plus chaud.

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