Été 2023 : le Québec pourrait vivre un rare renversement de situation

Un nouveau paradigme risque de faire basculer une séquence particulièrement favorable pour les étés, au Québec. Explications.


Séquence chaude

La chaleur a caractérisé les cinq derniers étés au Québec. Si l'édition 2023 devait aussi être chaude, cela constituerait une première. De fait, tous ces étés se sont classés parmi les 15 plus chauds de l'histoire. Toutefois cette année, la donne pourrait changer. En effet, un joueur important risque de bouleverser le contexte atmosphérique en Amérique du Nord.

« L'installation du phénomène El Niño pourrait favoriser un changement vers le froid, affirme Réjean Ouimet, météorologue. Du moins, à la lumière des épisodes passés, car peu importe l’intensité du réchauffement de l’océan Pacifique, près de l’équateur, l’arrivée d’El Niño coïncide souvent avec un repli des chaleurs en été. Mais, est-ce que ce changement peut persister et dégénérer en séquences d’étés moins intéressantes?

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Période décevante

Lorsque le phénomène El Niño s'active dans le Pacifique, les étés québécois ont tendance à en souffrir. En analysant des séquences passées, Réjean Ouimet brosse un portrait peu reluisant. Il y a une vingtaine d'années, une situation semblable à ce qui se dessine pour 2023 est survenue. Le résultat : les étés ont laissé à désirer.

« Au début des années 2000, après avoir connu une séquence comparable d’années La Nina, le phénomène El Niño a pris la relève, explique Réjean Ouimet. Bien que moins constant, durable et intense, celui-ci a été récurrent jusqu’en 2004. Les étés ont alors été plus frais en enfilade. De plus, la séquence malheureuse s’est étirée jusqu’en 2009, avec des interruptions en 2005 et en 2006.

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Changement de paradigme

Notons que, depuis 1950, le Québec a connu seulement 15 étés sous l'influence du phénomène El Niño. Cela s'explique par le fait que durant la belle saison, les eaux du Pacifique équatorial sont souvent en phase neutre. Du reste, rappelons que les trois dernières années se sont déroulées en mode La Nina et les étés ont été particulièrement chauds. Toutefois, un revirement de situation demeure tout à fait possible.

« D’autres épisodes ont eu lieu dans le passé avec des effets pervers, note Réjean Ouimet. Au début des années 1990 jusqu’au milieu de la décennie, des épisodes El Niño ont donné le ton : on a observé une dominante d’étés frais. Un fort El Niño en 1982 et 1983 a aussi été suivi d’étés décevants jusque dans les années 1990. Le lien de cause à effet reste à établir, mais il ne faudrait pas se surprendre de connaître une séquence d’étés fort différente de celles des dernières années.

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Avec la collaboration de Réjean Ouimet et Patrick Duplessis, météorologues.


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