Le plus froid sur Terre : -50 °C dans cette région
Les premiers -50 °C de la saison froide ont été enregistrés en Sibérie, confirmant que le cœur de l’hiver est désormais bien installé dans les hautes latitudes.
En bref :
Le village de Delyankir, en Russie, a enregistré –50,7 °C lundi;
Premier seuil des -50 °C atteint dans l’hémisphère Nord cette saison;
Le froid polaire pourrait descendre vers le Canada d’ici la fin du mois et au début de décembre.
Un froid extrême, mais typique de la Yakoutie
Le village de Delyankir, en Yakoutie — l’une des régions les plus froides de la planète — a plongé à -50,7 °C lundi matin. C’est le premier minimum de -50 °C observé cette saison dans tout l’hémisphère Nord, si on exclut le Groenland et ses stations extrêmement nordiques, isolées et en haute altitude. Par exemple, la station météorologique de Klinck, qui se trouve à plus de 3000 m au-dessus du niveau de la mer, est celle où on a enregistré la plus basse température de l'hémisphère nord (-69,6 °C) en 1991.
Les -50 ° de Delyankir, en Yakoutie, ne sont pas isolés : plusieurs stations voisines ont de nouveau atteint cette marque mardi, signe que la grande mécanique hivernale est déjà bien enclenchée en Sibérie.
Si la Yakoutie enregistre si tôt et si souvent des valeurs extrêmes, c’est parce qu’elle cumule les facteurs favorisant le froid intense. D’abord, évidemment, elle est située à des latitudes très élevées, comme le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut au Canada.
Ensuite, elle possède un climat dit « hypercontinental » et ne bénéficie pas de l’effet modérateur des océans (ce qui signifie qu’elle connaît également des étés chauds). Durant la saison froide, les flux atmosphériques d’ouest qui la traversent parcourent des milliers de kilomètres de terres gelées avant de l’atteindre. L’air froid s’installe donc plus vite et plus durablement qu’ailleurs.
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La topographie joue aussi un rôle déterminant. Une partie de la Yakoutie, dont Delyankir, se situe dans des vallées entourées de montagnes, un relief qui agit comme une cuvette. L’air froid, plus dense, s’y accumule facilement et reste piégé.
Enfin, dès novembre, la région se retrouve souvent sous un anticyclone puissant et persistant. Ce dôme de haute pression, très stable, bloque la circulation atmosphérique et maintient l’air froid au sol.
Et chez nous?
Du côté canadien, les derniers -50 °C enregistrés remontent au 26 janvier 2024, à Old Crow, au Yukon. Pour cette saison froide on a, à ce jour, observé les premiers -30 °C le 2 novembre et des -38 °C autour du 5-6 novembre, mais aucun -40 °C n’a encore été mesuré.
Cela pourrait toutefois changer prochainement. Les modèles indiquent qu’une descente du vortex polaire pourrait faire glisser une masse d’air très froid vers le Nunavut, les Territoires du Nord-Ouest et le nord des Prairies d’ici la fin novembre et tout début décembre. Les minimums pourraient alors tomber entre –30 °C et –40 °C — un signe que l’hiver s’apprête à s’enraciner solidement au pays.
Avec la collaboration de Bertin Ossonon, météorologue.