Un type d'hiver que le Québec n'a pas connu depuis longtemps
L’hiver est arrivé sans s'annoncer, et avec quelques semaines d’avance. Installé depuis presque le début du mois, il n’a aucunement l’intention de lever les feutres. Voici un aperçu détaillé de l’hiver 2025-2026.
EN BREF:
Froid fréquent en première moitié de l’hiver ;
Températures sous la normale dans l’ouest et les Prairies,
Écart sous la moyenne moins prononcé dans l’est et le nord du pays;
Neige abondante en général : début fulgurant pour la saison de ski;
Probabilités élevées d’un Noël blanc.

Un hiver d'antan
La cassure entre le temps assez doux et clément de la fin du mois d’octobre et l’arrivée du froid et de la neige a été brutale. Est-ce le présage d’un hiver rigoureux pour 2025-2026. Selon les météorologues de Météomédia, les éléments sont réunis pour que le Québec connaisse un hiver que l’on pourrait qualifier « d’antan » : plus froid et plus neigeux que la moyenne.

Le froid à l'honneur
Le froid va s’installer assez rapidement. D’ici quelques semaines, on va assister à des poussées d’air arctique assez intenses vers le sud. On prévoit que les températures seront donc plus froides que lors d’un hiver habituel, et ce pour les trois prochains mois. Un redoux de temps à autre n’est pas exclu, bien entendu. Mais de façon générale, le froid va prendre plus de place.

Le vortex polaire bouleversé
Étrangement, de la chaleur ailleurs sur la planète explique en partie ce contexte plus froid qu’un hiver moyen.
*« Il y a eu une hausse rapide des températures en très haute altitude qui bouleverse le vortex polaire. Celui-ci au lieu d'être bien concentré près des pôles peut glisser vers nos latitudes.» *
explique le météorologue Patrick Duplessis.
« Ce réchauffement en novembre est un des plus hâtifs jamais observé. Il a pour effet de déloger la masse d’air très froid près du pôle et de la pousser vers le sud ».

Seconde moitié moins froide
La seconde moitié de l’hiver risque d’être moins froide que la première portion de la saison. Les variations de températures seront plus communes. Le froid du début de l’hiver va bien entendu jouer un rôle important dans le type de précipitations que le Québec va recevoir. La neige sera plus fréquente que la pluie, particulièrement en première moitié de l’hiver.
Le rôle de La Niña
Un autre phénomène planétaire va s’ajouter au vortex polaire pour dicter le type d’hiver au Québec.
*« D’abord, sur le plan océanique,La Niña est présente.» *
explique André Monette, chef de service de la météorologie à Météomédia.
« La Niña apporte généralement du temps froid dans les Prairies canadiennes et plus de précipitations au Québec et en Ontario. Aussi, les probabilités sont fortes cet hiver de conserver un bon couvert de neige pour la pratique des sports extérieurs ». »
BON À SAVOIR:
La Niña est un phénomène qui désigne de l'eau de surface du Pacifique équatorial plus froide que la normale d'au moins 0,5°. À l'inverse, El Niño représente une anomalie d'eau chaude de 0,5° et plus dans la même région.
À vos pelles
Les amateurs de sports extérieurs seront donc comblés, mais d’autres pourraient être embêtés en apprenant que pelles et souffleuses seront particulièrement sollicitées cet hiver.
*« On aura davantage de tempêtes, de systèmes » *
estime Patrick Duplessis.
« Elles devraient nous donner plus de précipitations que la normale pour la majorité des secteurs, mais des quantités plus près des normales pour l’est et le nord du Québec. »

Plus de neige
Pourquoi plus de précipitations, donc de neige pour le Québec? En ce qui concerne les quantités, il faut cette fois regarder vers l’origine des systèmes dépressionnaires qui vont passer sur le Québec.
On a vu quelques Clipper de l’Alberta déverser un peu de neige sur le Québec au cours du mois de novembre. Ce petit système qui vient l’ouest du pays se déplace habituellement rapidement et contient peu d’humidité. Résultat : une courte impulsion de neige et des accumulations modestes. La situation sera différente au cours de l’hiver. Il y aura bien sûr quelques clippers, mais
« Les systèmes vont principalement venir du Colorado et du Texas »
précise Patrick Duplessis.
« Ce sont des systèmes qui ont beaucoup de précipitations, et qui ont tendance à passer soit sur le sud ou tout juste au sud du Québec. »

Des systèmes plus costauds
Ce type de système a en effet l’occasion de profiter des eaux plus douces du golfe du Mexique pour se gorger d’humidité. De plus, ils sont habituellement plus imposants. Leur effet perdure plus longtemps et ils déversent plus de précipitations que les clippers de l’Alberta. Il faudra porter une attention particulière aux trajectoires des dépressions qui apporteront leur lot de précipitations, mais qui pourraient être sous formes variées (neige, grésil, verglas et pluie) à l’occasion. Comme le temps froid sera suffisamment présent, les probabilités de recevoir davantage de neige que la normale sont élevées.
Les côtes épargnées
Le Québec ne sera pas seul à observer des conditions plus froides que d'habitude. Le vortex polaire va tout d’abord descendre sur les Prairies avant de glisser vers le Québec. À partir des Rocheuses jusqu’à la vallée du Saint-Laurent, on doit s’attendre à des températures plus froides que la moyenne. Cette tendance étant causée par le vortex polaire, les deux côtes du pays devraient en être épargnées. Autant la région de Vancouver que la « Sunshine Coast » en Colombie-Britannique, ainsi que l’est du Québec, soit le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie et la Côte-Nord, sont dans un contexte de températures autour des moyennes de saison.

Bon ski!
La situation va bien entendu affecter le Québec mais aussi le sud de l’Ontario. La grande région de Toronto et les États au sud des Grands Lacs auront aussi droit à plus de neige que lors d’un hiver moyen. Ce genre de système se déplace des États-Unis vers le nord-est. Les Prairies seront ainsi hors de leur trajectoire et vont recevoir moins de neige que dans l’est du pays. Pour les Rocheuses, le Pacifique va tout de même apporter des précipitations, et le froid va faire en sorte que la célèbre chaîne de montagnes va recevoir plus de neige que lors d’un hiver moyen. Une excellente nouvelle pour les amateurs de sports de glisse : la poudreuse devrait être au rendez-vous dans les centres de l'Alberta et de la Colombie-Britannique.
