
Sous surveillance : ce phénomène peut gâcher notre été
On redoute les manifestations d'un tel phénomène qui a le pouvoir de gâcher notre été. Explications.
Dépression froide
Les systèmes se déplacent habituellement au gré de la circulation atmosphérique. Les vents forts en altitude deviennent une sorte d'autoroute à perturbations. Certaines zones de basse pression peuvent à l'occasion se détacher et se refermer sur elles-mêmes. C'est ce que l'on nomme une goutte froide ou dépression froide. Elles peuvent générer du temps gris et frais durant plusieurs jours puisqu'elles ne sont pas soumises au mouvement d'ouest en est.
« En principe, le beau côté de l’été, c’est qu’on se retrouve avec une circulation atmosphérique d'ouest en est, explique Réjean Ouimet, météorologue. Les perturbations sont plus faibles qu’en toute autre saison. Surtout, elles défilent rapidement. Le temps peut certes être violent, mais ça ne dure pas. Certains étés, la circulation atmosphérique est moins linéaire. Des perturbations quittent le courant de vent principal. »

Phénomène d'hiver
La goutte froide se manifeste plus fréquemment durant la saison froide. Cela s'explique par le fait que, pendant l'été, un flux zonal prend le relais. Les vents forts en altitude ont moins tendance à serpenter et l'atmosphère se stabilise. Évidemment, les perturbations et le temps orageux ne sont pas exclus, mais les centres dépressionnaires fermés sont moins communs. Toutefois, certains étés québécois ont souffert de situations répétitives où ces perturbations stagnantes ont complètement changé l'allure de la saison.
« La dépression fait du surplace, précise Réjean Ouimet. Un phénomène qui peut durer de deux à quatre jours et même dans certains cas de six à dix jours. Si le système est bien alimenté en humidité, les précipitations peuvent être particulièrement abondantes. Les inondations en Espagne en 2024 illustrent bien l’ampleur du phénomène. Quatre cents millimètres de pluie et plus de deux cents morts. »

Des conséquences différentes
Le positionnement devient primordial pour déterminer les conséquences pour une région donnée. Lorsqu'une dépression froide établit sa position confortablement au-dessus du Québec, une séquence de temps maussade est anticipée. Toutefois, si la zone de basse pression se campe au sud des Grands Lacs, un pompage d'air doux fait grimper le mercure et le ciel se dégage. Un troisième cas de figure prévoit une position à l'est de la Belle Province. Cette situation est synonyme de fraîcheur et de conditions variables : un vent nord-est tenace et déplaisant.

Des étés gâchés
C'est en hiver et au printemps que les gouttes froides sont les plus fréquentes. En moyenne, le Québec observe deux manifestations par saison. Toujours selon la moyenne, une telle dépression touche la province une année sur deux durant l'été. Toutefois, si ce scénario se répète durant une saison, c'est la catastrophe.
« Des manifestations tardives au printemps peuvent être une indication d’un mauvais pli que la saison chaude va prendre, estime Réjean Ouimet. On a déjà assisté à une récurrence du phénomène sur les mêmes secteurs. Ainsi, lors d’étés réputés gâchés de 2008 et 2009, on a assisté à rien de moins que trois occurrences de dépressions froides qui ont donné le ton à ces saisons. »

Avec la collaboration de Kevin Cloutier et Réjean Ouimet, météorologues.