
Quand l’hiver revient en mars : des mégatempêtes au Québec
L'hiver n'a pas encore abdiqué en mars et même en avril. Explications.
Monstres de mars
Les grosses tempêtes de neige n'épargnent pas le Québec en mars, et même en avril. Une conjoncture favorable réunit le froid et l'arrivée d'un système bien gorgé en humidité. Le jeu des masses d'air peut également générer de forts vents et des chutes de neige intenses. Comme en témoigne le tableau suivant, les cinq dernières années ont mis en scène des bordées, surtout dans la portion est de la province.
« Le printemps n’est pas du tout un frein aux tempêtes de neige, au contraire, estime Réjean Ouimet, météorologue. L’histoire nous enseigne que le dernier mot de l’hiver peut être assez dur et n’est pas toujours le reflet de l’hiver qui s'achève. Comme le veut le dicton, on ne sait jamais ce que mars nous réserve tant qu’il n’est pas terminé. On ne serait pas au bout de nos surprises. »

Blizzards printaniers
Le blizzard peut être vu comme un orage hivernal interminable, ou comme de longues bourrasques. La neige forte et le vent en constituent les principaux éléments. Une règle définit le phénomène : vents de 40 km/h et plus, visibilité à moins de 400 mètres et durée de quatre heures ou plus. Un avertissement de blizzard n'est pas à sous-estimer. De telles conditions s'avèrent dangereuses, surtout si vous prenez la route.
« Au sommet de l’échelle des tempêtes qui balaient le Québec, les plus épiques sont celles qui allient le froid, le vent et la neige de manière exponentielle, explique Réjean Ouimet. Lors de ces tempêtes, les éléments qui se déchaînent mettent la vie hors de contrôle. Le mois de mars est une période particulièrement favorable pour générer de telles tempêtes. »

Blizzards de mars
Montréal a connu un mois de mars record avec plus de 100 cm de neige en 1955. Si l'on considère les événements de façon isolée, six blizzards ont eu lieu en mars à Montréal depuis les années 1950. Pour ceux qui sont suffisamment âgés, celui de la tempête du siècle des 4 et 5 mars 1971 est digne de mention.
« Deux blizzards sur six ont eu lieu avant les années 1990 : 1971 et 1955, affirme Réjean Ouimet. En 1971, le mois de février avait enregistré plus de 100 cm de neige sur la métropole. Le blizzard de 1955 a lieu lors d’un scénario de deux tempêtes coup sur coup. Lors de l'événement, 49 cm de neige avaient été soulevés par des vents de plus de 60 km/h. Il avait été précédé d’une première bordée de 29 cm les 21 et 22 mars. Une situation semblable à celle survenue en février cette année. »

Blizzards récents
Le fameux incident de l'autoroute 13 est resté gravé dans la mémoire collective. En effet, c'est un blizzard qui est à l'origine de l'événement qui a immobilisé des centaines de véhicules en mars 2017. La neige abondante et les vents ont empêché les automobilistes d'avancer sur l'autoroute durant plusieurs heures.
« Fait remarquable : quatre des six blizzards de mars ont eu lieu depuis 1990, poursuit Réjean Ouimet. Celui de 1993 fut remarquable et est considéré comme l'une des plus importantes tempêtes à avoir touché les États-Unis. Une centaine de personnes ont perdu la vie de Cuba au Québec lors de cet événement. S’il a laissé moins de traces dans notre mémoire chez nous, c’est qu’il a frappé en soirée du samedi 13 mars et dans la nuit suivante. »

Avec la collaboration de Bertin Ossonon et Réjean Ouimet, météorologues.