Noël record : ce pourrait être le plus chaud pour 50 millions de Nord-Américains
Plusieurs villes états-uniennes seront à des années-lumière d’un Noël blanc. Sandales et manches courtes seront même à l’honneur dans plusieurs villes pourtant habituées à sortir leur pelle durant le temps des Fêtes. Explications.
En bref:
Chaleur exceptionnelle dans le centre des États-Unis le jour de Noël;
Kansas City pourrait battre un record datant de 1922;
La crête va atteindre le sud de l’Ontario mais pas le Québec.
Changement de régime
L’hiver s’est bien établi depuis le début du mois de décembre sur une grande partie de l’Amérique du Nord, mais il s’apprête s’apprête à être expulsé temporairement dans plusieurs grandes villes et régions des États-Unis sous l’effet d’un important changement de régime atmosphérique.
Une crête de haute pression très puissante se développe sur le centre de nos voisins du Sud et pourrait favoriser l’un des Noëls les plus chauds jamais enregistrés pour près de 50 millions de résidents. Cette bulle d’air chaud aura également des répercussions jusque dans le sud du Canada. Alors que des tempêtes perturbent la Californie et le Nord-Est américain, le jet-stream se bombe vers le nord au-dessus des plaines centrales, ouvrant la porte à une poussée de chaleur d’une ampleur exceptionnelle.
Contraste frappant
Il s’agit d’un contraste frappant avec les conditions d’il y a seulement deux semaines, lorsque l’affaiblissement du vortex polaire avait permis à l’air arctique de dévaler vers le sud. Près de deux douzaines d’États, des Rocheuses jusqu’aux Appalaches, et du Midwest jusqu’aux Grandes Plaines, pourraient connaître des températures allant de 15 à 20 degrés au-dessus des normales saisonnières d’ici Noël. À ce niveau, la masse d’air ressemblerait davantage à un mois d’avril ou de mai qu’à une fin décembre.
Des records de chaleur à la chaîne
Le jour de Noël devrait être la journée la plus propice aux records, plusieurs villes risquant de battre leurs maximums historiques du 25 décembre :
Kansas City;
Saint-Louis;
Wichita;
Des Moines;
Albuquerque.
À Des Moines en Iowa notamment, un Noël blanc est assez fréquent et a été observé en 2020 et 2022.
Match de football historique
À Kansas City notamment, le maximum pourrait atteindre 21°, ce qui surpasserait la marque de 19,4° qui date de 1922. Notons que le maximum normal pour un jour de Noël à Kansas City est d’environ 5°. Les journées de grand froid ne sont pas rares dans cette ville du Missouri. Les amateurs de football se souviennent sans doute du match du 13 janvier 2024 entre les Chiefs et les Dolphins de Miami. Le mercure indiquait -20 °C au début du match, et les forts vents créaient un ressenti de -33. 69 personnes avaient dû recevoir de l’aide médicale à cause d’engelures ou d’hypothermie. Le maximum de 21° prévu pour le 25 décembre sera donc tout aussi exceptionnel pour les habitants de cette ville.
Même les températures minimales pourraient entrer dans l’histoire : des nuits exceptionnellement douces menacent les records de chaleur nocturne, certains remontant aux années 1950, voire avant. Pour des millions de personnes, il pourrait s’agir du Noël le plus chaud de toute une vie. La bulle de chaleur devrait progresser vers l’est plus tard dans la semaine, et affecter la côte sud-est des États-Unis.
Un frein possible : nuages bas et brouillard
Cette poussée de chaleur pourrait toutefois être atténuée dans certaines régions par un autre phénomène : des bancs de nuages bas et de brouillard persistants depuis la côte du Golfe du Mexique jusqu’à la vallée de l’Ohio, les Appalaches et la côte Atlantique. Lorsque ces nuages refusent de se dissiper, les températures peuvent être retenues 10 à 20 degrés sous leur potentiel, en plus de générer :
une visibilité réduite,
des délais dans les aéroports,
des conditions de conduite difficiles.
Le même système qui apporte la chaleur transporte aussi beaucoup d’humidité vers le nord et l’est, accentuant ce risque.
Pas pour le Québec
Cette chaleur états-unienne déborderait jusque dans le sud du Canada, notamment en Ontario, où les températures pourraient atteindre 5 °C au-dessus des normales. La frontière entre l’air chaud et l’air froid passera directement au-dessus de l’Ontario, rendant la prévision particulièrement complexe.
Selon l’évolution de cette ligne, certains secteurs pourraient conserver leur neige, alors que d’autres pourraient voir la couverture blanche disparaître entre le matin et la soirée. À Toronto, le record de 15,7 °C (1982) restera hors d’atteinte, mais la douceur sera notable. À Ottawa, un maximum de –3 °C serait déjà légèrement au-dessus de la normale. Au Québec, l’effet sera négligeable. Le maximum pour le jour de Noël sera légèrement sous les normales saisonnières, soit autour de -3° ou -4° dans le sud du Québec. L’air arctique va prendre toute la place juste avant le week-end avec un maximum de -16° le vendredi 26 décembre. Faudra s’habiller chaudement pour le magasinage du boxing day.
Avec la collaboration d'Alexandra Giroux, météorologue.