
Les Grands Lacs en mode rattrapage : des répercussions pour le Québec
En peu de temps, la glace a gagné du terrain sur les Grands Lacs. Ce rattrapage aura des conséquences jusqu’au Québec. Explications.
Revirement soudain
En moins de sept jours, l’étendue de glace des Grands Lacs est passée d’un maigre 2 % à près de 11 %. Cela peut sembler peu, mais il s’agit d’une augmentation fulgurante du couvert de glace. En temps normal, 17 % de la surface des Grands Lacs est glacée à ce temps-ci de l’année. Toutefois, l’air froid devrait dominer sur les Grands Lacs jusqu’à la dernière semaine de janvier, ce qui permettrait un rattrapage efficace. Rappelons que l’impressionnant redoux qui a pris d’assaut l’est de l’Amérique du Nord en fin d’année a donné du fil à retordre au couvert de glace.

Des répercussions sur le Québec
L’influence des Grands Lacs est grande : en hiver, son couvert de glace interagit avec les systèmes qui se dirigent vers le Québec. Lorsque l’étendue de glace est faible, les précipitations peuvent être bonifiées par l’humidité des Grands Lacs.

Ainsi, il arrive que des systèmes déversent de plus généreuses quantités de pluie ou de neige sur le Québec à la suite de leur passage sur les Grands Lacs. Parallèlement, une faible étendue de glace aura tendance à atténuer les grands froids provenant de l’ouest en réchauffant les masses d’air.
Fait étonnant : en février 2024, 10 fois moins de glace qu’à l’habitude recouvrait la surface des Grands Lacs. Du jamais-vu depuis le début des observations enregistrées depuis 1973.

Autrement, lorsque les Grands Lacs sont gelés, leur influence sur les systèmes diminue. Ainsi, les grands froids au Québec pourraient être encore plus intenses et les précipitations moins abondantes dans certains cas.

L’étendue de glace joue également un grand rôle chez nos voisins : « le refroidissement des Grands Lacs et l'augmentation de l'étendue de la glace diminuent aussi le risque de bourrasques de neige côtières, phénomène qui peut causer des accumulations monstres dans les secteurs longeant les Grands Lacs, notamment en Ontario, en Pennsylvanie et dans l'État de New York », explique Kevin Cloutier, météorologue.