
Le Québec n’est pas à l’abri des froids extrêmes
Même si le Québec se réchauffe, le froid n'a pas dit son dernier mot.
Les hivers froids
L'hiver est froid au Québec, mais il peut devenir extrême. De décennie en décennie, on observe de moins en moins de mois froids. Toutefois, cela ne signifie pas non plus que la province est protégée des descentes d'air arctique très incisives. Ces données extrêmes sont répertoriées lorsque les vagues de froid surviennent de façon intempestive en décembre, en janvier, en février et en mars.
« Quand on regarde les mois records de froid des 80 dernières années, on constate qu'ils ne sont pas si vieux, explique Réjean Ouimet, météorologue. À l'exception de décembre 1972 à Gaspé et mars 1950 pour Montréal, les mois d’hiver les plus froids ont eu lieu depuis la fin des années 1980. Ils sont caractérisés par du froid à répétition pour ne pas dire des mois en vagues de froid d’un bout à l’autre. Les hivers correspondants sont condamnés à jamais dans la mémoire collective. »

Le vortex est encore actif
Selon des données probantes, Montréal s'est passablement réchauffé depuis 150 ans. Depuis plus de 30 ans, le mercure n'a pas atteint le seuil de -30 °C dans la métropole. À l'échelle provinciale, il n'est pas inusité d'observer de telles températures extrêmes. Du reste, ces records ont été enregistrés pour la plupart durant les 40 dernières années.
« Il faut quand même rappeler que le grand froid qui se développe au nord offre des valeurs extrêmes bon an mal an, même dans un contexte climatique récent, estime Réjean Ouimet. Ainsi on voit régulièrement des températures sous la barre des -40 °C pendant l’hiver au Québec. »

Des vagues de froid
Lorsque le mercure chute de façon importante durant plusieurs journées consécutives, une vague de froid survient. Au Québec, entre 2010 et 2023, au moins trois de ces séquences avec plus du double du nombre moyen ont été enregistrées. Depuis une dizaine d'années, on a vu des saisons où des poussées plus nombreuses se sont manifestées. Du reste, ces épisodes se raréfient de plus en plus.
« Le froid groupé est également la marque de nos hivers, poursuit Réjean Ouimet. Ce sont ces fameuses vagues de froid où les températures descendent à plus de 5 degrés sous les normales les plus basses de la saison (-20 °C à Montréal et -30 °C à Val-d’Or). Le froid s’étire alors sur plusieurs jours. »

Sans froid
La tendance à la douceur ne fait plus de doute. Comme on voit, les hivers sans vagues de froid se multiplient depuis les années 2000. Souvenons-nous tout de même que le vortex polaire peut laisser s'échapper un écoulement d'air arctique vers le Québec. Les saisons plus douces font en sorte que notre tolérance aux températures glaciales s'amenuise.
« Les réchauffements stratosphériques subits vont contribuer à délocaliser le vortex en descente libre vers nos latitudes, précise Réjean Ouimet. Un vortex qui vient s’immobiliser sur nos régions a tendance à maintenir les grands froids sur de longues périodes. Ainsi, les hivers sans vagues de froid rarissime historiquement semblent devenir la norme. Les vagues de froid du futur auront alors un impact plus grand quand elles vont frapper à nouveau. »

Avec la collaboration de Réjean Ouimet, météorologue.