Phase La Niña ou neutre : l'air et l'eau ne s'entendent pas
L'atmosphère se comporte selon un contexte La Niña, mais les océans ne semblent pas avoir reçu le message. Qui a raison? Explications.
Des changements éloquents
On surveille de près la transition vers un contexte La Niña ce mois-ci. Les prévisionnistes scrutent une région clé du Pacifique à l'affût de signes de changement susceptibles d'influencer les conditions météorologiques dans notre pays. Le Centre américain de prévision du climat (CPC) a publié jeudi ses prévisions mensuelles, dans lesquelles il indique qu'il y a plus de chances que La Niña émerge au cours de l'hiver.
Un conflit
Cependant, l'atmosphère se comporte déjà comme si nous étions dans un contexte La Niña. Selon les prévisions mensuelles du CPC, il y a 59 % de probabilités que La Niña se développe d'ici janvier 2025, le retour à des conditions neutres étant prévu pour le printemps prochain. La Niña se produit lorsque les eaux de l'est du Pacifique autour de l'équateur sont au moins 0,5 °C plus froides que la normale pendant environ sept mois consécutifs. El Niño est l'opposé direct de La Niña, avec des eaux plus chaudes. Les températures de l'eau dans l'est de l'océan Pacifique peuvent avoir un effet considérable sur les conditions météorologiques dans le monde entier. Au Canada, un hiver influencé par La Niña peut favoriser des conditions plus fraîches dans la moitié ouest du pays, tandis qu'un régime instable s'installe dans l'est.
L'atmosphère n'écoute pas
La règle des 0,5 °C est la méthode traditionnelle utilisée par les experts du CPC pour déclarer officiellement une phase La Niña ou un El Niño. Mais l'atmosphère ne suit pas toujours les décisions officielles. Des conditions telles que les alizés et les précipitations dans l'ensemble du bassin pacifique donnent déjà l'impression que nous nous trouvons fermement en contexte La Niña, bien que les températures de surface de la mer n'aient pas encore franchi les seuils prédéfinis. Comment cela est-il possible? El Niño et La Niña sont liés à l'oscillation australe El Niño (ENSO), qui est le cycle des vents dominants qui poussent et tirent les eaux de surface dans l'océan Pacifique. L'ENSO représente une relation délicate entre l'air et l'eau. L'atmosphère influence l'océan, et l'océan influence à son tour l'atmosphère.
La mer plus fiable?
Même si l'équation comporte au moins deux parties, les prévisionnistes s'appuient principalement sur les températures de surface de la mer pour déterminer si nous sommes « officiellement » entrés dans une configuration El Niño ou La Niña. Cette méthode traditionnelle ne tient pas compte des changements atmosphériques qui peuvent se produire avant que les anomalies officielles de la température de surface de la mer n'aient une chance de se manifester.
Des conditions variables
L'interaction complexe entre l'océan et l'atmosphère nous rappelle que les conditions météorologiques sont variables. Rares sont les tempêtes ou les modèles qui entrent parfaitement dans nos cases prédéfinies. Ainsi, même si nous ne sommes pas encore officiellement dans une phase La Niña, l'atmosphère agit certainement comme telle.
Selon un article publié par The Weather Network