Jusqu’à 50 cm : fortes bourrasques et conditions dangereuses
La région des Grands Lacs s’apprête à vivre un épisode de bourrasques de neige intense capable de rendre la visibilité nulle et d’entraîner jusqu’à 50 cm de neige par endroits. Les conditions routières s’annoncent difficiles et parfois dangereuses d’ici vendredi soir.
En bref :
Jusqu’à 40 à 50 cm de neige localement, surtout en aval des lacs Huron et Érié;
Visibilité nulle, voile blanc et routes enneigées à surveiller;
Rafales atteignant 70 à 90 km/h dans les zones les plus exposées;
Phénomène actif de jeudi matin à vendredi soir.
Un cocktail explosif : de l’air arctique sur des lacs encore doux
Derrière le système dépressionnaire qui traverse le centre du continent, une masse d’air nettement plus froide plonge sur les Grands Lacs. Avec des eaux encore à 5 à 10 °C, le contraste peut entraîner la formation d’un phénomène impressionnant et potentiellement dangereux : les bourrasques côtières.
À VOIR ÉGALEMENT : Notre aperçu de l'hiver 2025-2026
Pour qu’une bourrasque liée aux lacs se forme, il faut au moins 13 °C de différence entre la température du plan d’eau et celle de l’air en altitude. Par exemple, si le lac est à 10 °C, l’air à 850 hPa (environ 1,5 km d’altitude) doit tourner autour de -3 °C. Or, dans la situation actuelle, on devrait plutôt observer -10 °C à cette altitude dans les prochains jours. Le contraste devrait être largement suffisant pour générer des bandes de neige persistantes et puissantes.
Le plus fort de l’événement jeudi
Dès jeudi matin, les premières bandes organisées se mettront en place en aval des Grands Lacs. Les cartes montrent bien ces couloirs étroits, capables de déverser en continu de fortes averses de neige.
Les conditions peuvent changer du tout au tout d’une localité à l’autre en quelques kilomètres seulement. À un endroit, on pourrait conserver un ciel relativement dégagé alors qu’un village voisin se retrouvera dans un véritable mur de neige, avec visibilité réduite à quelques centaines de mètres, voire nulle, et accumulation rapide au sol.
Le passage de l’air froid sera accompagné de rafales souvent comprises entre 50 et 70 km/h, voire 90 km/h par endroits. Ces vents accentueront la poudrerie et pourraient compliquer considérablement les conditions routières.
Les régions les plus exposées
Les secteurs les plus touchés se situeront dans les fameux « snowbelts » des Grands Lacs. En Ontario, on surveille notamment la région de Goderich, Owen Sound et Barrie, en aval du lac Huron et de la baie Georgienne. Du côté américain, les environs de Buffalo et du nord-ouest de l’État de Pennsylvanie, en aval du lac Érié, seront aussi en première ligne. Plus à l’est, des bandes de neige pourraient rejoindre les secteurs de Syracuse et Watertown, juste au sud des Mille-Îles.
Dans ces zones, les modèles prévoient généralement de 20 à 40 cm de neige, avec des pointes pouvant atteindre 40 à 50 cm là où une bande demeurera active pendant plusieurs heures. Certaines cartes suggèrent même des noyaux isolés susceptibles de dépasser légèrement ce seuil.
Les bourrasques de neige pourraient aussi s’accompagner d’orages de neige et s’étendre vers la grande région de Toronto, en touchant possiblement les principaux axes autoroutiers dont la 401, entre jeudi après-midi et jeudi soir. On ne prévoit toutefois que des accumulations de neige inférieures à 5 cm pour Toronto.
Pourquoi les bourrasques sont-elles si dangereuses?
Les bourrasques liées aux lacs combinent des précipitations très intenses, des vents forts et une visibilité fortement réduite. On parle de véritables « murs de neige » : l’accumulation peut dépasser 15 cm en 12 heures ou moins, tandis que la visibilité chute sous les 400 m pendant plusieurs heures, le tout avec des rafales souvent supérieures à 50 km/h.
Sur le terrain, cela se traduit par des routes rapidement enneigées, un voile blanc soudain, des pertes de repères pour les automobilistes et, dans certains cas, des fermetures de routes.
Un phénomène qui persiste jusqu’à vendredi soir
Les bourrasques resteront actives jusqu’à vendredi, même si leur intensité devrait diminuer graduellement en fin de journée jeudi. Les vents se calmeront un peu, mais ils demeureront souvent entre 50 et 70 km/h, suffisants pour maintenir la poudrerie dans de nombreux secteurs.
Avec la collaboration de Bertin Ossonon, météorologue.