Fin d'hiver hâtive ou tardive : les marmottes ont-elles raison ?

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Année après année, de vieilles connaissances font leur retour en février : les marmottes. Leurs prévisions se concrétisent-elles ? Pas toujours.


Rappelons que le principe du Jour de la marmotte est assez simple : si, le matin du 2 février, la marmotte voit son ombre, l’hiver s’accroche pour les quarante jours qui suivent. Si, à l’inverse, elle ne la voit pas, ce sont plutôt des redoux qui sont au menu pour le reste de la saison.

Leur verdict sur la fin de l’hiver est cependant loin d’être fiable. La marmotte Fred est celle qui a le meilleur score, avec près de 67 % de prévisions qui se sont avérées vraies. À l’inverse, sa consoeur ontarienne Willie traîne de la patte, avec à peine 33 %. Ces deux pourcentages concernent les années 2010 à 2021 inclusivement.

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Les marmottes voient généralement plus juste lorsqu’elles prévoient un hiver qui s’étire. Ainsi la marmotte de la Gaspésie est-elle un peu plus performante en raison de son pessimisme. Fred voit son ombre plus souvent qu’autrement, ce qui est d’ailleurs cohérent avec le portrait global de la saison hivernale. Cette dernière est un peu décalée en Gaspésie, ce qui signifie qu'elle se termine généralement plus tard.

À l’inverse, une prévision axée sur la douceur va à l’encontre de l’allure générale de l’hiver, qui n’entre dans une phase de déclin qu’à partir de la deuxième moitié de février. Les véritables conditions printanières ne s’invitent généralement qu’après la période de quarante jours étudiée par les marmottes. Cela complique donc les verdicts.

De nombreuses lacunes

Des obstacles se dressent parfois sur la route des marmottes. Depuis 2010, la marmotte n’a pu voir son ombre en raison de la présence de nuages ou de neige à huit reprises. Au cours de cette même période, l’hiver s’est achevé de manière hâtive à deux reprises. Un faible score de 25 % en résulte.

De manière générale, la correspondance entre les conditions météorologiques le matin du 2 février et l’allure générale de la fin de l’hiver a été de 42 %.

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Il faut évidemment prendre la prévision de la marmotte avec des pincettes. Il ne s’agit que d’une observation à un endroit à un moment donné dans la journée, qui devrait représenter l’allure des quarante prochains jours. C’est peu réaliste, surtout si on considère que les modèles météorologiques (sur lesquels on se base pour établir une prévision) se basent sur des milliards d’observations. Leur verdict change constamment pour s’adapter aux nouvelles conditions.

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Avec ou sans marmotte, le 2 février n’a pas grande valeur pour régler le sort de l’hiver à lui seul.

Et que se passe-t-il quand l’hiver s’effrite avant de reprendre du poil de la bête dans les mois suivants ? Ce fut notamment le cas en 2018, où l’hiver a ralenti en février avant de revenir en force en mars et en avril. Le printemps a-t-il été tardif ou hâtif ? Difficile de trancher. La prévision de la marmotte tend donc à perdre un peu de son importance, ce qui lui offre un certain bénéfice du doute.

La place de la science

Plus le temps passe, et plus la place de la science tend à augmenter à travers la tradition. Les organisateurs des sorties des marmottes sont effectivement en contact avec l’information météo qui touche le moyen terme, voire davantage. Comme les prévisions d’aperçu avec une base scientifique s’améliorent avec les progrès de la science et des technologies, il est logique que la prévision des marmottes s’affine avec le temps.

Par ailleurs, dans un contexte de changements climatiques, il est réaliste de penser que nos hivers risquent de tourner court plus souvent à l’avenir. La saison froide est déjà plus courte et moins intense. Cela représente un défi pour les marmottes, qui se trompent plus souvent lorsque la prévision estime une fin rapide de l’hiver.


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