Un printemps doux et sec, mais une menace plane

Les nouvelles en réjouiront plus d'un, mais le spectre de 2023 fait craindre un retour des feux de forêt. Prévision.


En bref :

  • Températures généralement au-dessus de la normale;

  • Tendance au temps sec, surtout durant la deuxième portion de la saison;

  • Tempêtes plus fréquentes près de la côte est;

  • Descentes de froid ponctuelles possibles – risque de gel tardif.


À l'image de l'hiver

L'hiver a été particulièrement doux et sec au Québec cette année. Cette tendance va se poursuivre au printemps. En effet, les météorologues anticipent des températures au-dessus de la normale saisonnière pour la majeure partie de la province. Des poussées de douceur bien appuyées en provenance du golfe du Mexique ou encore de l'air doux du Pacifique feront grimper le mercure. Toutefois, cette tendance lourde ne signifie pas que le froid sera complètement absent. Des descentes ponctuelles d'air arctique sur nos régions ne sont pas exclues.

« Aux yeux de plusieurs, le printemps sera spectaculaire, affirme André Monette, chef de la météorologie. Les températures seront généralement au-dessus de la normale, mais il y a la possibilité que le vortex polaire fasse des siennes de notre côté. Pour l'instant, on peut dire que le potentiel de rechute est bien présent, surtout durant la première portion de la saison. Un réchauffement stratosphérique se produit actuellement et ses effets sont à retardement. Quelques semaines peuvent s'écouler entre l'événement et la descente de froid. »

Température - Québec

Douceur moins appuyée

Pour l'est de la province, notamment la Gaspésie et la Côte-Nord, les poussées de douceur seront plus timides. En effet, des températures plus près des normales sont anticipées dans ces régions. L'eau froide du golfe du Saint-Laurent risque d'offrir un peu de résistance face aux élans de temps doux en provenance du sud.

« L'écart avec la normale sera moins prononcé dans ces régions, estime André Monette. On prévoit un régime de températures plus près de la normale. Pour le Québec dans son ensemble, une période plus hésitante risque de provoquer un retour en arrière vers la fin mars. Des allures de printemps hâtif marqueront les deux premières semaines de mars. »

Température - Est du Canada

Moins de précipitations

Plusieurs se réjouiront d'apprendre que le printemps sera majoritairement sec. De fait, le Québec s'est retrouvé à l'écart du temps actif et des grosses tempêtes depuis la mi-janvier et cette tendance va se poursuivre. De longues séquences de journées pluvieuses sont improbables. Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de pluie : des épisodes brefs et ponctuels sont toujours possibles.

« On peut avoir de gros événements de forte pluie, explique André Monette. En général, on anticipe un régime sec avec moins de précipitations que la normale pour le corridor partant des Grands Lacs jusque dans l'est de la province. La zone active restera au sud de la frontière, comme ce fut le cas cet hiver. Cela aura certainement des répercussions. »

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Précipitations - Québec

La neige disparue

Le Québec se retrouve en déficit de neige, ce n'est plus un secret. Même si les prévisionnistes n'excluent pas la possibilité d'une ou deux tempêtes tardives au printemps, le tapis blanc va disparaître et vite. Le temps très doux prévu pour le début du printemps aura raison du couvert neigeux de façon hâtive. De plus, les quantités de neige anticipées sont moindres que la normale cette année. Cette situation fera l'affaire des cyclistes.

Neige - Québec

Le spectre de 2023

L'an dernier, une situation hors du commun a mis le Québec sur le qui-vive. Une quantité record de foyers d'incendie a été enregistrée au printemps 2023. Cette année, les ingrédients sont réunis pour qu'une deuxième ronde ait lieu. En effet, le manque de neige cet hiver met la table pour une fonte rapide. De plus, le temps doux et sec anticipé durant les prochaines semaines va créer des conditions favorables pour des feux de forêt.

« Nous avons deux arguments en faveur d'une situation catastrophique, précise Réjean Ouimet, météorologue. Dans un premier temps, le déficit de neige au sol devient un facteur aggravant. La fonte rapide de la neige et les conditions d'assèchement en raison des températures plus douces représentent une grande menace. Puis, si des orages secs se manifestent, la situation devient explosive. La foudre peut déclencher des feux à tout moment. »

Feux de forêt

Printemps installé

La saison franchit plusieurs étapes durant sa vie. La première consiste à se débarrasser de la neige au sol. Cette année, ça ne traînera pas. À Montréal, la pelouse fait son apparition vers le 18 mars en moyenne. Au moment d'écrire ces lignes, plusieurs secteurs du sud du Québec présentent un sol presque complètement dégarni. Les experts estiment que la deuxième portion du printemps mettra en scène la douce chaleur des 20 °C durables avant le 20 mai.

Étapes du printemps - Montréal

Avec la collaboration de Réjean Ouimet, Patrick Duplessis et André Monette, météorologues.


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