Aperçu à long terme : deux scénarios, deux hivers

Le vortex ne démord pas : le Québec retrouvera-t-il le chemin de la douceur? Prévision.


Première portion

Avec le froid qui règne en janvier, l'impression d'un hiver doux ne tient pas la route, du moins dans le sud du Québec. Toutefois, toutes les principales stations ont connu une première moitié de saison plus douce que la normale, sauf pour Sherbrooke. Mentionnons que les régions de la Côte-Nord, de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent ont enregistré six semaines avec une moyenne de températures nettement au-dessus de la normale.

« L’hiver a montré son visage à deux faces au Québec et dans les régions de l’est du Canada, affirme Réjean Ouimet, météorologue. La chaleur et le blocage au nord du Canada, au Nunavik et au Groenland ont coupé le Québec en deux avec la douceur et le froid plus typique dans le sud de la province depuis plusieurs semaines. »

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Un risque

Lors de la saison 2023-2024, les descentes de froid n'ont pas été très incisives. De fait, la douceur a dominé durant presque tout le trimestre. Cette année, le froid est plus insistant. Le Québec se retrouve dans un creux qui permet des écoulements fréquents et persistants d'air arctique. Durant les prochains jours, le sud de la province risque d'assister à une chute du mercure d'une intensité qu'on ne voit plus souvent.

« On compte à ce jour cinq descentes d’air arctique avec élongation du vortex vers le sud, explique Réjean Ouimet. Un sixième épisode est en branle et va marquer la saison. Le problème qui se présente par la suite réside dans la perpétuation ou non du même cycle avec des retours de froid marqué au cours de la deuxième moitié de l’hiver. »

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Un mois

Selon les modèles, les prochaines semaines risquent de marquer l'hiver au fer rouge. Tandis que le Québec se retrouve coincé dans une atmosphère un peu figée, des écoulements d'air arctique pourraient se succéder pour terminer janvier dans le froid glacial.

« L’autre avenue, c’est la répétition du scénario de l’hiver à ce jour avec d’autres descentes du vortex, estime Réjean Ouimet. Ce qui joue en faveur de cette hypothèse, c’est l’inertie de l’atmosphère qui a tendance à se répéter surtout en plein cœur d’une haute saison comme l’hiver.

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Vive la crête!

Un scénario qui met en scène des poussées de douceur plus fréquentes ou une moins grande domination du froid demeure possible. Ici, la circulation atmosphérique prévoit un retrait du creux vers l'ouest du pays. Ceci permet à une crête de gagner le Québec et à la chaleur de remonter jusqu'à nos latitudes. C'est précisément la situation qui a dominé l'hiver dernier de même qu'un influx du Pacifique. Un tel cas de figure signifie un important changement de régime. Ce qui reste à déterminer, c'est l'intensité de cette crête. Jusqu'à quel point la remontée de douceur va s'accentuer en février.

« Chose certaine, pour le moment, il ne semble pas y avoir une accentuation du froid en février, poursuit Réjean Ouimet. Ce qui signifie que la deuxième moitié de l’hiver devrait être normale. On écarte donc la possibilité d’une reprise du mois de février glacial comme en 2015. »

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Plus froid pour la fin

Même si le Québec doit serrer les dents durant quelques semaines en raison de l'insistance du froid, l'ensemble de l'hiver devrait se conclure avec une moyenne de températures anormalement douce. Malgré tout, la saison manifeste des caractéristiques fort différentes par rapport à l'année dernière, à commencer par les poussées de froid plus nombreuses et plus intenses.

« Rappelons qu’en temps normal cette deuxième moitié de la saison est plus froide de trois degrés et plus par rapport à la première moitié, précise Réjean Ouimet. Ceci devrait se vérifier aisément dans les régions de l’est du Québec qui se la coulent douce depuis un certain temps. »

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Avec la collaboration de Réjean Ouimet et Patrick Duplessis, météorologues.


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