
Soutenir les fermiers en prévision du climat futur
En 2017, un projet provincial qui regroupe toutes les branches régionales de l’Union des producteurs agricoles a vu le jour. Agriclimat travaille de concert avec les artisans du milieu agricole pour élaborer un plan d'adaptation aux changements climatiques. Ceux-ci auront de grandes répercussions sur les activités des producteurs québécois d’ici 2050.
Julie Duquette est agronome pour l’Union des producteurs agricoles (UPA) de l’Estrie. Elle constate que les acteurs du milieu agricole québécois sont de plus en plus conscients des risques amenés par les changements climatiques. Une des raisons pour lesquelles Agriclimat a été mis en place c’est parce que les producteurs veulent s’adapter et sont toujours à l’affût d’informations utiles pour le faire, souligne-t-elle.
Des fiches d’adaptation pour les producteurs
Le premier geste que l’organisme a posé, c’est la création de fiches d’adaptation. Celles-ci ont été réalisées par des groupes de travail composés de producteurs, représentant tous les types d'activités de la région. Chaque région de la province possède un comité. Les fiches offrent des solutions pour que les producteurs puissent mieux s’adapter aux aléas de demain. Celles-ci donnent des pistes de solutions en cas d'inondation, de sécheresse ou même de vagues de chaleur. Chaque type d’activité à sa fiche pour chacune des saisons.
Près d’une quarantaine de fermes pilotes
Le deuxième volet du projet Agriclimat est la mise en place de fermes pilotes. On compte 38 de ces fermes au Québec, dont 3 en Estrie. D'abord, chacun de ces producteurs a reçu un rapport sur l’évolution du climat dans leurs régions. Celui-ci énumère également les répercussions de cette évolution dans leurs sphères d’activités respectives. Puis, ils ont reçu un bilan de leurs émissions de GES. Le document comprend aussi l’information sur la captation de carbone liée à leurs activités. Les sols emprisonnent une partie du CO2 émis par l’activité humaine. Ceci leur permet de déterminer concrètement ce qu’ils peuvent mettre en place pour mieux s’adapter aux changements climatiques, ajoute l'agronome.
L’utilité des laboratoires vivants
La troisième phase du projet Agriclimat, c’est la mise en place de laboratoires vivants dans de nombreuses régions du Québec. Ce sont des fermes, où il est possible de tester de nouvelles façons de faire et de nouveaux produits pour déterminer la meilleure manière de s’adapter et de limiter les émissions liées à leurs activités. Mme Duquette rappelle qu’il y a aussi certaines occasions à saisir associées aux changements climatiques. Une saison de culture plus longue sera plus rentable pour les producteurs. Tous les résultats seront distribués par Agriclimat aux producteurs pour leur permettre de prendre les meilleures décisions pour l’avenir de leurs entreprises.
Plusieurs mesures d’adaptation ont déjà été mises en place grâce au travail d’Agriclimat. De plus en plus, les producteurs font des cultures de couverture intercalaire. Ce sont des semis différents qui poussent entre les rangées de la culture principale. Cette façon de faire est très bénéfique, car elle empêche l’érosion des sols lors de fortes chutes de pluie en plus de nourrir le sol. Il devient alors plus productif. C’est aussi très efficace quand on a un terrain très vallonné. On en parlait depuis 20 ans et maintenant ça se fait, souligne l’agronome. Elle remarque depuis quelques années que dès que les récoltes sont terminées on voit apparaître les céréales d’automne, qui sont destinées à garder les sols toujours couverts.
Les producteurs doivent maintenant faire face à un autre enjeu de taille : le manque de neige en hiver. Celle-ci est essentielle à la survie des cultures d'hiver. Elle les protège de la glace qui pourrait se former et ainsi les faire geler et mourir. Bien sûr, les défis qu’ils devront relever sont nombreux, mais grâce à Agriclimat, les producteurs agricoles québécois seront mieux outillés pour s’adapter au climat de demain.
