Des solutions naturelles contre les catastrophes climatiques

Dans la lutte aux changements climatiques, plusieurs attendent la technologie miracle qui pourra nous sortir du pétrin. La solution est peut-être plus verte que l’on ne le croit.

C’est ce que Nature Québec veut démontrer avec son programme En mode solutions nature.

Le programme a été lancé il y a deux ans, grâce au financement du ministère de l’Environnement du Québec. Il comprend deux volets, explique Anne-Céline Guyon, chargée de projet experte climat chez Nature Québec. Le premier, c’est d’informer et de sensibiliser la population au fait que la nature possède de nombreux avantages innés qui ont la capacité de ralentir les changements climatiques. Le second volet, ce sont les projets eux-mêmes. Nature Québec travaille avec les municipalités, mais aussi avec divers intervenants selon les besoins d’un projet, afin de trouver des solutions naturelles aux problèmes environnementaux.

Pour ce faire, Nature Québec a travaillé de concert avec Ouranos. Ce consortium scientifique compile les résultats d’une pléiade de recherches et participe à de nombreuses études. Il est en mesure de fournir une image assez représentative du climat québécois de demain. En se basant sur ces prédictions climatiques, Nature Québec propose des solutions qui seront adaptées aux impacts des changements climatiques.

Prenons l’exemple des inondations printanières annuelles. Selon les données d’Ouranos, elles vont se produire en moyenne 14 à 25 jours plus tôt sur le sud du Québec. Une baisse de l’intensité des inondations de 10 % est aussi à prévoir. Par contre, pour le centre et le nord du Québec, le constat est bien différent. Les chiffres montrent un couvert neigeux plus important et donc des crues plus importantes sont à prévoir.

Anne-Céline Guyon rappelle que le fait de boiser les rives de nos cours d’eau limite le risque qu’ils débordent lors de la fonte de la neige au printemps. De même, planter des arbres sur une pente urbaine ralentit le ruissellement lors d’orages forts. Ainsi le réseau d’évacuation pluvial de la ville n’est pas saturé et le risque de débordement est diminué.

À eux seuls, les arbres offrent une foule de services écologiques. Ils préviennent l’érosion et ils luttent contre les îlots de chaleur. Ils absorbent le carbone et contribuent au bien-être des citadins. La protection de la forêt fait aussi partie des solutions nature pour le climat que préconise Nature Québec.

Le contenu continue ci-dessous

On vient mobiliser les écosystèmes naturels pour lutter et s’adapter aux changements climatiques.

Les solutions nature ne manquent pas. La restauration d’un marais à Sainte-Marie-de-Beauce a été effectuée dans le but d’absorber le surplus lorsqu’il y a un gros coup d’eau. La chargée de projet chez Nature Québec souligne aussi les efforts de la ville de Laval, qui a déclaré son intention de taxer de plus en plus les surfaces imperméables comme les stationnements afin d’inciter le secteur privé à agir.

Selon Nature Québec, il faut prioriser les infrastructures vertes aux infrastructures grises. Par infrastructure grise, on comprend tout ouvrage qui est composé de béton, de roches ou d’acier, comme une digue. Au contraire, les infrastructures vertes sont composées d’éléments naturels comme les arbres et les marais. Ces solutions vertes ont un moindre coût de construction et d’entretien que les grises. Puisqu’elles sont complètement naturelles, elles offrent aussi une foule d’avantages connexes.

Le milieu agricole peut aussi faire sa part en s’assurant d’avoir une bande riveraine entre les champs et les cours d’eau qui les bordent. Cette zone tampon empêche l’érosion, mais sert aussi à protéger à la fois les champs des inondations et les cours d’eau des produits chimiques épandus. Selon l’experte, on pourrait augmenter la taille de ces bandes riveraines à 30 mètres.

Ceci représente une perte de revenu pour les agriculteurs qui peuvent alors bénéficier de programmes comme Prime-vert et ALUS, pour compenser leurs pertes. Nature Québec travaille de près avec les agriculteurs, et déplore le manque de pérennité des programmes de soutien. « Le problème qu’on voit présentement, c’est qu’on met des programmes en place pour 2-3 ans, les agriculteurs embarquent. Mais dès qu’on met fin au programme, les agriculteurs reviennent à leurs anciennes pratiques. »

En 2021, le coût assuré des catastrophes naturelles au Canada s’élevait à deux milliards de dollars.

Image bannière : Paysage de Nouvelle-Beauce : la vallée de la Chaudière, l'agro-foresterie à Sainte-Marie et Saint-Elzéar (Félix Mathieu-Bégin/Wikimedia)