Une sous-population d’ours polaires découverte au Groenland

Julie PerreaultRédactrice

Les estimations indiquent que plusieurs centaines d’ours polaires pourraient vivre dans le sud-est du Groenland — une zone qui, selon les scientifiques, pourrait être un refuge climatique.

Faits saillants

  • Un groupe d'ours polaires génétiquement distinct a été repéré au Groenland.

  • Ils sont isolés depuis plus de 100 ans et ont développé de nouvelles techniques de chasse adaptées à un habitat différent.

  • Ces ours peuvent nous aider à prédire le futur pour les autres populations qui dépendent toujours de la banquise pour se nourrir.


Une nouvelle sous-population de plusieurs centaines d’ours polaires a été repérée dans une région isolée du sud-est du Groenland.

Cette découverte a fait l’objet d’un article publié dans la revue Science. On peut y lire que ces ours polaires seraient essentiellement concentrés dans un habitat confiné en raison de pics montagneux acérés, d’un courant côtier rapide à l’est du Groenland, de la calotte glaciaire du Groenland à l’ouest et du détroit du Danemark.

« Nous savions qu’il y avait des ours dans la région d’après les archives historiques et les connaissances autochtones. Nous ne savions tout simplement pas à quel point ils étaient spéciaux », a déclaré Kristin Laidre, scientifique des régions polaires à l’université de Washington et auteure principale, dans un communiqué de presse.

Three adult polar bears in Southeast Greenland in April 2015 using the sea ice during the limited time when it is available. (Kristin Laidre/ University of Washington)

Trois ours polaires adultes dans le sud-est du Groenland en avril 2015 utilisant la glace de mer pendant le temps limité où elle est disponible. (Source : Kristin Laidre/ université de Washington)

Les conditions météorologiques imprévisibles et les fortes chutes de neige ont limité le nombre de recherches menées à cet endroit. Les chercheurs affirment que cette sous-population est la plus isolée génétiquement de la planète et qu’ils vivent séparés des autres ours polaires depuis plus de 100 ans.

« Dans un sens, leur présence donne un aperçu de la façon dont les ours du Groenland pourraient se comporter dans les scénarios climatiques futurs. Les conditions de la glace de mer dans le sud-est du Groenland ressemblent aujourd’hui à ce qui est prévu pour le nord-est du Groenland à la fin de ce siècle », a déclaré Mme Laidre.

Contrairement aux autres ours polaires qui chassent sur la glace de mer toute l’année, les ours du sud-est du Groenland passent la majeure partie de l’année à chasser sur des morceaux de glace d’eau douce qui faisaient autrefois partie du continent gelé.

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A Southeast Greenland fjord is covered in fast ice, or sea ice that is connected to the coast, for about four months of the year, between February and late May. This photo was taken in April 2016. The open water seen on the horizon confines these polar bears, believed to be a 20th subpopulation, to a small region along the coast. (Kristin Laidre/ University of Washington)

Un fjord du sud-est du Groenland est recouvert de banquise côtière, ou de glace de mer reliée à la côte, pendant environ quatre mois de l’année, entre février et fin mai. Cette photo a été prise en avril 2016. L’eau libre visible à l’horizon confine ces ours polaires, que l’on pense être une 20e sous-population, à une petite région le long de la côte. (Source : Kristin Laidre/université de Washington)

La chasse sur ces morceaux de glace, situés près de leur habitat, empêche les ours polaires d’avoir à nager de longues distances dans l’océan, leur permettant ainsi de conserver leur énergie. Il n’y a que quatre mois dans l’année, soit de février à mai, que les ours du sud-est du Groenland chassent sur la banquise en raison de leur situation géographique unique.

La glace de mer dans l’Arctique, dont dépendent environ 26 000 ours polaires pour la chasse, disparaît rapidement à mesure que le pôle Nord se réchauffe. L’étude a déclaré que les glaciers pourraient devenir un « refuge climatique à petite échelle », où certains ours polaires pourraient survivre lorsque la glace de mer fond.

La collecte de données et les relevés aériens indiquent que le sud-est du Groenland devrait continuer à produire des glaciers, alors que le littoral reste relativement stable.

Les chercheurs ont déclaré que leurs découvertes « donnent de l’espoir » en matière de préservation de l’espèce en raison de sa capacité à s’adapter aux glaciers comme alternative à la glace de mer. Cependant, l’étude note qu’il existe des quantités limitées d’habitats glaciaires, ce qui signifie que seule une population plus petite pourrait survivre et qu’il y aura probablement des déclins importants des ours polaires arctiques.

Les chercheurs affirment qu’une surveillance à long terme de cette sous-population est nécessaire pour comprendre et prédire comment les ours survivront alors que la banquise arctique continue de diminuer.

L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) pourrait choisir de déterminer si les ours polaires du sud-est du Groenland constituent officiellement une population distincte, ce qui en ferait le 20e groupe distinct au monde.

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*Adapté d'un article par Isabella O'Malley de TWN. *

Image bannière : un ours polaire du sud-est du Groenland sur un glacier (Thomas W. Johansen/NASA Oceans Melting Greenland)