Des maladies tropicales migrent vers le nord

Selon des experts en épidémiologie, certaines maladies, normalement retrouvées en zones tropicales, pourraient se répandre à l’échelle mondiale à cause d'événements de pluies soutenues.

L’état de Floride a rapporté un cas de dengue après le passage de l’ouragan Ian cet automne. Cet événement d’apparence anecdotique pourrait être le symptôme de changements plus profonds.

Qu’est-ce que la dengue ?

La dengue est une maladie transmise par la piqûre d’un moustique porteur du virus. Elle ne peut pas se propager entre humains et utilise impérativement le moustique comme vecteur.

Les symptômes de cette maladie ressemblent à ceux de la grippe mais en bien plus fort. Il s’agit d’une fièvre prolongée de 7 jours qui s’accompagne d’une vive douleur aux os. « C’est comme s’ils allaient se briser,» précise Stephen Barr, professeur associé à la Western University.

Chaque année, 100 000 personnes en moyenne souffrent de la dengue. Et parmi elles, environ 40 000 en meurent. C’est une maladie généralement associée aux régions tropicales, puisque les moustiques infectés ont besoin de la chaleur et de l’humidité présentes aux latitudes moins élevées.

Les eaux stagnantes, berceaux de maladies

Quel est le lien entre les ouragans et la présence de moustiques au-delà de leur zone de répartition habituelle ? La question se pose. Selon le Centre de prévention et de contrôle des maladies (CDC) des États-Unis, les moustiques ne peuvent survivre dans les vents d’un ouragan. Toutefois, l’après-tempête pourrait créer des conditions favorables à leur prolifération.

De fait, on retrouve surtout des maladies dans les zones recevant plus de pluies qu’à l’habitude. Ces pluies apportent un surplus d’eau qui ne s'écoule pas tout de suite et créent ainsi des eaux stagnantes, propices à la prolifération de virus mortels comme la dengue. Une plus longue saison des ouragans entraîne donc des conditions favorables pour la survie des ces moustiques infectés.

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Migration vers le nord

Ce n’est pas nouveau. En fait, des études existent même depuis les années 50, pourtant c’est seulement maintenant que le phénomène commence à être pris au sérieux, indique Olivier Brady, professeur associé à la London School of Hygiene and Tropical Medicine. Son équipe de chercheurs étudie l’influence des changements climatiques sur l’augmentation de la période de transmission de la dengue ainsi que sur les populations à risque de la contracter.

Le pire scénario, selon eux, prévoit une augmentation de 4,7 millions de personnes susceptibles d’être infectées en particulier dans les basses-terres et en zones urbaines. Un scénario d’autant plus probable si la température augmentait de 3.7°C (par rapport au niveau pré-industriel) d’ici 2100.

Grâce à leurs modèles, ces chercheurs observent également une migration de la dengue vers le nord. L’Europe centrale ainsi que l’Amérique du Nord pourraient dorénavant faire partie de la nouvelle répartition de la maladie.

Actuellement, les températures froides de l'hémisphère nord ne permettent pas aux moustiques de survivre à l’hiver. Par contre, avec certaines tendances climatiques, leur période de survie pourrait s’allonger un peu plus chaque année : « ils peuvent résister à des températures sous zéro pour des petites périodes de temps seulement. S'ils développent des propriétés pour survivre aux hivers, ils pourraient finir par s’y adapter » explique Barr.

Même si ces changements n’auront pas lieu du jour au lendemain, la situation doit être suivie de près.

D'après un article de Jaclyn Whittal, météorologue à The Weather Network.