COP 30 : l'espoir renaît pour trois raisons

Les négociations internationales sur le climat sous l’égide de l’ONU reprennent cette année. Cette fois l'événement aura lieu du 10 au 21 novembre à Belém au Brésil.


Cette année, un des volets les plus importants de cette conférence est le dépôt par les pays de nouveaux objectifs de réduction de leurs émissions. En effet, l’accord de Paris stipule que toutes les parties (pays) doivent revoir à la hausse leurs ambitions de réduction tous les 5 ans. Au moment d’écrire ces lignes, seulement le tiers des parties avaient soumis leurs nouveaux objectifs. Selon Philippe Simard, chargé de cours à l'École de politiques appliquées de l’université de Sherbrooke, « il n’y a pas pour l’instant d'inquiétude car l’ensemble des parties auront déposé leurs objectifs au plus tard pendant la conférence internationale ».

Il y a de l'espoir

« Il y a trois points qui inspirent l’espoir en amont de la COP 30 », ajoute le professeur. D’abord si on compare les trajectoires futures de nos émissions par rapport à l’ère pré-Paris, on note une diminution. « Avant l’accord de Paris, on projetait une hausse moyenne de la température mondiale de 4 °C. Maintenant, on se dirige plutôt vers une augmentation variant entre 2,6 °C et 3,1 °C ». Il pense qu’avec les nouvelles cibles que les parties vont mettre sur la table à Belém, cette valeur baissera encore.

Deuxièmement, malgré le recul de certains gouvernements, les villes, les provinces, les États fédérés et la société civile restent toujours très mobilisés afin de livrer une transition rapide et efficace. Enfin, malgré que le climat ait baissé dans la liste des priorités de certains, un sondage mondial, révélé dans Nature, montre que pour les individus, ça reste une préoccupation importante. « Ce sont les citoyens qui ont la capacité de faire bouger les gouvernements », ajoute M. Simard.

Là où il y a toujours de l’eau dans le gaz

Un litige récurrent durant les COP précédentes, c’est le financement accordé aux pays en développements par les pays développés. Ces sommes sont destinées à aider les pays moins bien nantis et plus vulnérables aux changements climatiques à s'adapter au climat futur tout en protégeant mieux leurs populations. Ce montant a été revu à la hausse sous la pression des pays en développement qui le considéraient insuffisant.

Depuis 2020, les pays riches promettent de remettre 100 milliards de dollars annuellement aux pays vulnérables. Cet objectif n’a été atteint qu’une seule fois, en 2022. La nouvelle cible, convenue par tous, est de 1300 milliards de dollars par an d’ici 2035 dont 300 milliards doivent impérativement provenir des pays développés. La provenance du reste du magot est encore à déterminer. « C’est quelque chose qui sera discuté à Belém. Il y a un dilemme moral à diriger ce fardeau vers le secteur privé, car celui-ci vise principalement le rendement sur l’investissement plutôt que la justice climatique », souligne le professeur.

Le système économique en vigueur dans de nombreux pays met de l’avant la croissance et la performance. Est-ce un obstacle à la lutte aux changements climatiques ? Philippe Simard affirme que oui. « Pour résoudre la crise climatique, il est nécessaire de revoir les valeurs et les indicateurs de performance, par exemple en se concentrant sur le bien-être des citoyens plutôt que sur le PIB qui est strictement économique ».

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Participation des autochtones

Nombreuses sont les communautés autochtones qui participeront à la COP 30. « Elles peuvent faire pencher la balance puisque chaque acteur à une voix aussi importante que les autres lors de ces conférences onusiennes. La contribution de ces organisations est essentielle car elles sont aux premières lignes de la lutte. Elles en sont témoins au quotidien », estime Philippe Simard. Elles ont toutes une place réservée dans les salles de négociation.

Retrait des USA

Sous la présidence de Georges W Bush, les États-Unis avaient refusé de ratifier l’accord de Kyoto. Lors du premier mandat de Donald Trump, le président a signé un décret retirant le pays de l'accord de Paris. Il a fait la même chose dès les premiers jours de son deuxième mandat. Ce pays est le deuxième émetteur de gaz à effet de serre dans le monde. Son absence aux négociations aura sûrement un impact sur l’avancée de celles-ci. « J'aime mieux qu’ils soient absents plutôt que présents, mais avec l’agenda de faire dérailler les négociations. Espérons que ce n’est qu’une pause. Heureusement il y a encore plusieurs États et villes qui sont mobilisés dans le pays ».


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