Les cols bleus virent au vert - La forêt urbaine de Montréal

On reproche souvent à la ville sa grisaille, mais c’est en voie de changer. Plus d’un quart de la ville de Montréal est maintenant recouverte d’arbres. On a visité la pépinière de la ville pour en savoir davantage.

La Ville de Montréal a annoncé cet automne le succès de son plan d’action pour accroître l’indice de canopée sur le territoire de l’agglomération. L’indice de canopée, c’est quoi? Il s’agit de la proportion du territoire qui est recouverte par le feuillage des arbres, si on le regarde directement d’en haut. Il est d’ailleurs possible de consulter des cartes interactives de la canopée des six régions métropolitaines au Québec. Dans la région urbaine de Québec, par exemple, l’indice s’élève à 32 % avec une cible de 35 % pour 2025.

Dans l’agglomération de Montréal, entre 2007 et 2019, l’indice de canopée est passé de 20 % à 25 %. L’objectif fixé dans le plan d’action adopté en 2012 a été atteint trois ans plus tôt que prévu, et ce malgré l’infestation d’agrile du frêne qui a décimé plusieurs milliers d’arbres. Seulement en 2021, 40 835 arbres ont été plantés sur le territoire montréalais. L’objectif atteint pour l’agglomération, l’administration montréalaise a revu les chiffres à la hausse et vise maintenant 26 % pour son propre territoire d’ici 2025.

L’arme secrète de Montréal dans sa quête de verdissement, c’est sa pépinière. Nous sommes allés visiter les installations et rencontrer Anthony Daniel, biologiste et conseiller en planification au Service des grands parcs, du Mont-Royal et des sports à la Ville de Montréal, pour qu’il nous explique les bienfaits de la forêt urbaine et le travail nécessaire pour l’entretenir et la faire grandir.

« Les arbres offrent des services gratuits dont on ne peut pas se passer : diminuer les îlots de chaleur, en baissant la température ambiante, en faisant de l’ombre et en émettant de la vapeur d’eau, ralentir l’eau de ruissellement, capter les polluants atmosphériques. Les arbres sont vraiment importants pour la qualité de vie des Montréalais. »

Ces bénéfices seront d’autant plus importants pour faire face aux impacts du réchauffement climatique. Le verdissement des milieux de vie est d’ailleurs un des points clés du Plan Climat 2020-2030 dévoilé plus tôt cette année.

La pépinière de Montréal, située depuis 2001 à L’Assomption, fait pousser des arbres pour la ville depuis 1948. Elle fournit maintenant environ le tiers des besoins de la ville pour ses plantations publiques, soit 3 300 arbres par année. Des pépinières privées fournissent encore plus d’arbres pour combler le reste des besoins du domaine public, mais aussi l’essentiel des besoins pour les terrains privés et les milieux naturels.

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La pépinière produit 235 variétés de 49 espèces d’arbres. Cette diversité d’essences est cruciale pour maintenir une forêt urbaine en santé et résiliente. Montréal préconise une approche basée sur la diversité fonctionnelle, un concept développé par Christian Messier, Chaire du Canada sur la résilience des forêts face aux changements planétaires, et Alain Paquette, Chaire sur la forêt urbaine de l'UQAM. Il s’agit non seulement de planter différentes espèces d’arbres, mais des espèces qui ont diverses caractéristiques biologiques, besoins et réactions au stress, aux insectes et aux maladies.

Lors de notre visite, les travailleurs de la pépinière étaient affairés à l’arrachage d’arbres destinés à être plantés en ville. Chaque arbre doit passer par plusieurs étapes de production. D’abord semis, boutures ou greffons, il devient baliveau, un petit arbre de 1 à 2 m qui est hiverné en entrepôt. Il est replanté au printemps et taillé pour lui donner une structure parfaite pour la vie urbaine. Lorsqu’il atteint un certain calibre, assez mature pour survivre plus facilement à la transplantation et s’épanouir dans les rues de Montréal, on l’arrache à l’aide d’une machine qui coupe ses racines et on enveloppe bien la motte pour le transport à sa destination finale.

Nous avons suivi notre arbre jusque dans l’arrondissement du Sud-Ouest, où nous avons rencontré Martin Venne, agronome et agent technique, Horticulture et arboriculture pour la division des parcs de la Ville de Montréal. Il nous a permis d’assister à la plantation du jeune arbre dans son nouvel emplacement.

« Une partie de mon travail, c’est de faire la sélection du bon arbre au bon endroit. Le but, c’est de planter une forêt urbaine qui va donner des bénéfices qui s’accumulent au fil des années avec les arbres qui croient. » Tout cela pour offrir aux habitants de Montréal un futur plus vert.