L’algoculture : une industrie en plein essor

Vous avez sans doute déjà remarqué ces longues algues brunes sur le bord des plages ou des rochers. Souvent évitées par les baigneurs, celles-ci sont pourtant très recherchées pour l’aquaculture.

Une algue qui attise les passions

Le varech désigne plusieurs espèces d’algues brunes ou verdâtres. On les reconnaît à leur grande taille et à leur odeur si caractéristique de la mer. Le rôle de ces plantes aquatiques a longtemps été sous-estimé. À l’instar des arbres sur terre, celles-ci sont un véritable poumon sous-marin. Elles permettent de capturer le carbone bleu et de produire de l’oxygène.

Dans les dernières années, les algues brunes attisent les passions. La côte atlantique, particulièrement la Nouvelle-Écosse, réunit des conditions idéales pour la production de varech. Cet intérêt est surtout dû au fait que leur culture est durable et pourrait contribuer aux efforts de réduction des gaz à effets de serre. Les Nations Unies ont même qualifié la culture d’algues de moyen d’enrayer les changements climatiques.

En plus d’être facile à cultiver, le varech est très utilisé dans les produits pour la santé, la beauté ou encore alimentaires.

Des lourdeurs administratives

Dans les trois dernières années, la Nouvelle-Écosse a connu une véritable explosion dans les demandes de permis concernant la culture du varech.

Pour une personne qui aimerait se lancer dans le domaine, le processus est tout aussi long que pour démarrer un élevage de coquillages ou de poissons. Il faut passer par un comité d’examen indépendant afin d’obtenir un permis d’aquaculture, une étape souvent lourde et onéreuse.

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Peter Darnell devant sa culture d'algues, qui produit le plus lors des mois plus froids en Nouvelle-Écosse. (Source : Nathan Coleman/TWN)

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La Nouvelle-Écosse voudrait autoriser les éleveurs de coquillages préétablis à ajouter la production de varech à leur expertise. « Les fermes à coquillages ont déjà l’équipement et le matériel nécessaire à la culture d’algues. Il faut simplement ajuster leur permis d’aquaculture afin d’y ajouter ces nouvelles espèces », révèle Wendy Vissers, conseillère en plantes marines au ministère des Pêches et de l’Aquaculture en Nouvelle-Écosse, à The Weather Network.

Au sud de la frontière, le Maine l’a bien compris et s’affranchit déjà de certaines surcharges administratives. Les étapes pour l’obtention d’un permis pour la culture du varech y sont nettement facilitées. Les sites de production sont toutefois limités par leur taille, ce qui affecte leur poids sur le marché nord-américain.

De l’espoir pour l’avenir

Shannon Arnold, directrice associée des programmes marins au Centre d’action écologique à Halifax, est optimiste. Le marché canadien prend de l’expansion et elle pense que plus de personnes pourront rejoindre le domaine de la culture d’algues.

« Nos voisins du Sud donnent déjà des permis de culture expérimentaux, alors qu’ici, ça prend encore des années pour que les gens puissent en obtenir, dit Mme Arnold, alors on essaye de pousser les gouvernements à faciliter la tâche pour que n’importe qui puisse s’y mettre », ajoute-t-elle. Et les gouvernements semblent réceptifs.

De retour en Nouvelle-Écosse, l’engouement est grand. Le Centre d’action écologique a d’ailleurs récemment organisé un festival du varech à Halifax pour faire découvrir tout le potentiel de cette industrie encore en marge.

D'après un reportage original de Nathan Coleman, journaliste de The Weather Network. Lisez l'article original.