2022 : l’année de l’Accord de Montréal?

La COP15 des signataires de la Convention pour la diversité biologique pourrait se conclure avec une entente aussi importante que l'Accord de Paris.

En 2015, l’Accord de Paris a vu le jour pendant la COP 21 dans la capitale française. Cet accord est le fer de lance de la lutte contre les changements climatiques.

Du 7 au 19 décembre prochain, un autre type de COP aura lieu à Montréal. La conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique des Nations Unies, la COP15, réunira tous les pays signataires afin de négocier une entente pour la sauvegarde de la vie sur Terre. Plusieurs s’attendent à ce que ces discussions mènent à une entente aussi importante que l’Accord de Paris, mais sur le plan de la biodiversité.

Lors du Sommet de la Terre en 1992 à Rio de Janeiro, les pays membres des Nations Unies ont signé la Convention sur la diversité biologique (CDB), ratifiée par 196 pays. Notons que les États-Unis l’ont signé mais ne l'ont jamais ratifié. La CDB a trois buts principaux : la conservation de la diversité biologique, l’utilisation durable de la diversité biologique et le partage juste et équitable des avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques. Contrairement aux COP sur le climat, les COP sur la biodiversité se réunissent seulement tous les deux ans.

Cette COP15 devait se dérouler en 2020 à Kunming en Chine, mais seule une partie a eu lieu en mode virtuel à cause des restrictions zéro COVID en vigueur dans ce pays. La version finale de la déclaration de Kunming comporte 17 objectifs. Deux points importants retiennent l’attention. Le document stipule que la biodiversité doit être intégrée dans toutes les prises de décisions. De plus, il fait la reconnaissance de la participation pleine et entière des peuples autochtones.

La deuxième partie de la conférence se fera en présentiel à Montréal dans quelques jours. La présidence repose toujours sur les épaules de la Chine, qui a dû travailler en collaboration avec le Canada pour organiser l’événement. Il faut savoir que c’est à Montréal que se trouve le siège du Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique des Nations Unies et que c’est pour cette raison que l’événement a lieu chez nous, puisqu’il ne peut se tenir en Chine.

Cette année, le défi est de taille. Il s'agit d'adopter un nouveau cadre mondial, valide jusqu'en 2030, pour stopper le déclin de toutes les espèces qui vivent sur Terre. Un rapport récent de la WWF sur l’état de la faune a révélé que les populations d’espèces vertébrées ont connu un déclin de 69 % depuis 1970. Au Canada, les populations d’espèces en péril ont été réduites de 59 %.

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Nous avons rencontré Anne-Céline Guyon, Chargée de projet experte Climat à Nature Québec et représentante du Collectif COP15, pour mieux comprendre les enjeux qui seront négociés cette année.

« Le succès de cette COP-là va se mesurer à la fois sur deux questions : est-ce qu’on prend en compte les enjeux de droits humains à l’intérieur des enjeux de protection du territoire, mais aussi est-ce qu’on arrive à s’entendre sur un cadre financier qui va permettre la mise en oeuvre du cadre mondial? »

Dans l’optique de sauver la biodiversité, la convention s’est donné comme objectif d’inciter tous les pays du monde à protéger 30% du territoire terrestre et marin d’ici 2030. La marche est haute pour certains, car globalement, seulement 16% de la portion terrestre et 8% des zones marines sont protégées. Au Canada, c’est 13% des terres et 9% du territoire maritime qui sont protégés.

Comme lors de la COP27 en Égypte cette année, la question du financement devra être abordée. Les activités des pays développés ont un impact direct sur la gestion des ressources naturelles dans les pays en développement. Pour satisfaire à la demande mondiale d’huile de palme, par exemple, l’Indonésie abat chaque année des milliers d’arbres. Ce joyau de la biodiversité est transformé en source de profit pour les entreprises et le gouvernement. Mais doit-on pointer du doigt un pays qui essaie de se bâtir une économie sur l’échiquier mondial, ou plutôt ceux qui les obligent économiquement à prendre des décisions qui endommagent la biodiversité?

Ce n’est pas le seul exemple, de grandes étendues de la forêt amazonienne ont été rasées et transformées en pâturage pour satisfaire notre demande en viande. Cette perte de biodiversité à grande échelle a un impact sur toute la planète. Ces gigantesques forêts ne sont pas seulement une source formidable de biodiversité, mais aussi d’importants puits de carbone.

Ces exemples démontrent que la lutte climatique et la sauvegarde de la biodiversité sont étroitement liées. Selon Anne-Céline Guyon, la COP15 est « une occasion en or pour ramener les enjeux de biodiversité au même niveau que les enjeux climatiques. »

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Lors de la COP10 sur la biodiversité qui s’est tenu au Japon en 2010, les espoirs étaient élevés. Malheureusement, aucun des objectifs négociés à Nagoya n’a été atteint au plan mondial. Afin de faire de la COP de Montréal un succès, les parties devront arriver à de nombreux compromis. Plusieurs espèrent que l’Accord de Montréal sur la biodiversité résonnera aussi fort que l’Accord de Paris sur le climat.