La culture de café, d'avocats et de noix de cajou change avec le climat

Isabella O'MalleyRédactrice

Selon les chercheurs, de nombreuses adaptations seront requises d’ici 2050 pour continuer à produire ces denrées précieuses.

Avec la planète qui se réchauffe, les producteurs de café, noix de cajou et avocats font face à des défis de taille, selon une étude récemment publiée. Ces trois cultures requièrent des conditions similaires et assurent la subsistance de millions de gens en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie du Sud-Est.

D’ici 2050, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) estime que les températures globales pourraient atteindre 1,2 °C à 3 °C au-dessus de la moyenne préindustrielle. Selon l’étude, cela aura un impact direct sur la convenance des sols à certaines cultures, entrainant la redistribution des zones propices à l’agriculture. Les agriculteurs devront adapter leurs pratiques pour s'adapter, par exemple en préconisant des plantes plus tolérantes à la chaleur ou à la sécheresse.

Les chercheurs ont analysé 14 modèles climatiques pour estimer les changements en ce qui a trait aux sols, aux précipitations et aux températures selon divers scénarios d’émission de gaz à effet de serre d’ici 2050.

L'étude démontre que les principaux pays producteurs de noix de cajou, dont le Viêtnam, l’Inde, la Côte d’Ivoire et le Bénin, seront bientôt dans le pétrin avec l’augmentation de la température et des précipitations qui va dégrader les conditions de croissance. Ailleurs, bonne nouvelle : la zone propice à la culture des noix de cajou augmentera globalement de près de 17 % grâce à la hausse des températures minimales en saison froide.

Cet effet positif est une exception. Les conséquences négatives du réchauffement planétaire seront ressenties plus fortement et disproportionnellement par les pays en développement. Au Bénin, un des pays les plus pauvres au monde où 70% des gens à l’emploi sont dans le domaine de l’agriculture, les zones propices à la culture pourraient complètement disparaître d’ici 2050 dans un scénario d’émissions élevées.

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Crédit : Bartosz Hadyniak/ E+/ Getty Images

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L’Arabica, le café le plus populaire au monde, est originaire d’Éthiopie et est maintenant cultivé sur plusieurs continents. Cette espèce est très sensible aux changements environnementaux. On estime que les régions productrices, soit le Brésil, le Viêtnam, l’Indonésie et la Colombie, seront moins propices dans un futur rapproché.

Dans les trois scénarios climatiques d’émissions basses, moyennes ou “normales” (élevées), les zones productrices de café seront réduites de plus de 50 % à cause de l’augmentation de la température moyenne annuelle. Toutefois, certains endroits aujourd’hui hostiles au café, comme les États-Unis et la Nouvelle-Zélande, pourraient se réchauffer suffisamment pour qu'on puisse le cultiver.

Pour la culture des avocats, le niveau de précipitation est le facteur clé. Les quatre régions productrices, c'est-à-dire le Mexique, la République dominicaine, le Pérou et l’Indonésie, observeront des effets positifs et négatifs d’ici 2050. Certaines régions deviendront plus humides, alors que d’autres seront asséchées.

Les changements sont largement favorables à la culture d’avocats au Mexique, tandis que la République dominicaine, l’Indonésie et le Pérou perdront respectivement 85 %, 65 % et 76 % de leurs zones cultivables.

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Crédit : Mariana Greif Etchebehere/ Bloomberg Creative Photos/ Getty Images

Au Mexique, principal producteur d’avocats au monde, les experts estiment que l’augmentation globale de la demande pour ce délicieux fruit pourrait mener à des conflits violents. Verisk Maplecroft, une firme britannique spécialisée en gestion du risque, a publié un rapport en 2019 indiquant que les avocats pourraient servir à financer des conflits, la croissance exponentielle dans l’industrie attirant la corruption et le crime organisé. Déforestation illégale, travail forcé et violence envers les cultivateurs d’avocats sont parmi les inquiétudes des analystes.

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En conclusion, les chercheurs mettent l’accent sur les adaptations qui seront requises dans les régions qui dépendent de ces trois cultures. Les mesures d’adaptation peuvent comprendre de nouvelles stratégies de gestion agricole et une approche sélective pour créer des variétés plus tolérantes à la chaleur et à la sécheresse. Pour le café, certaines régions devront se tourner vers les variétés Robusta plutôt que l’Arabica.

Les fermiers et propriétaires d’entreprises agricoles doivent faire preuve d'un solide engagement et transformer leurs pratiques, et même les produits qu’ils cultivent. L’agriculture ne pourra s’adapter qu’en collaboration avec les principaux intéressés.

Traduction d'un reportage de TWN