2024 : quand un risque devient réalité

On s’en doutait depuis l’automne dernier, mais c’est maintenant confirmé, 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée sur Terre depuis que l’homme compile des données météorologiques. Pour en arriver à cette conclusion, l'Organisation météorologique mondiale (OMM) a utilisé les données de six institutions internationales.

Le dépassement des objectifs de l’accord de Paris

L’année 2024 a surpassé 2023, qui était la plus chaude, par 0,72 °C. L’année a été plus chaude de 1,56 °C par rapport à l’ère préindustrielle. C’est la première année où nous dépassons les objectifs de l’accord de Paris. Sur les 12 mois de 2024, 11 ont dépassé le seuil appréhendé de 1,5 °C. De plus, chacun des six premiers mois de l’année a été plus chaud que n’importe quel autre des six premiers mois des années précédentes. Cette situation n’est plus une exception, c’est devenu la norme. Les dix années les plus chaudes sur Terre ont été les dix dernières.

Le réchauffement récurrent de la planète est directement lié aux émissions émises par l’activité humaine. Malheureusement, en 2024, les émissions de gaz à effet de serre ont atteint un sommet inégalé, selon le rapport de l’OMM. Celui-ci souligne que 3 milliards de personnes sur Terre ont connu au moins un record de chaleur en 2024. Cent quatre pays, dont le Canada, ont connu leur année la plus chaude jamais enregistrée.

Un réchauffement à grande vitesse

Le rapport confirme aussi que le réchauffement de la planète est passé à la vitesse grand V depuis le début du présent millénaire. En 2024, 52 % de la surface de notre planète a connu une température d’au moins 1 °C au-dessus de la moyenne 1991-2020. Le nord du Canada a, quant à lui, enregistré une température supérieure de 3 °C à cette moyenne. Tous les continents, à l’exception de l’Australie et de l'Antarctique, ont connu leur année la plus chaude de tous les temps. Plus d’une douzaine de pays ont connu en 2024 une température de 50 °C ou plus à plusieurs occasions. Ces températures ont une incidence directe sur les écosystèmes et notre capacité à produire des aliments.

Des phénomènes amplifiés par les changements climatiques

Nous possédons maintenant deux organismes chargés d’analyser les événements météorologiques afin de déterminer si ceux-ci sont liés aux changements climatiques. Les rapports annuels de Climate Central (CC) et du World Weather Attribution (WWA) sont aussi intégrés dans le rapport de l’OMM. Ils estiment que 219 événements météorologiques étaient directement liés aux changements climatiques en 2024 et que bon nombre d’autres ont été exacerbés par les changements climatiques. Plusieurs de ces événements météorologiques extrêmes ont eu lieu au début de l’année 2024 alors que le phénomène El Niño était encore actif. Cependant, les recherches de WWA démontrent que l’influence des changements climatiques est maintenant plus importante que celle de l’oscillation australe El Niño. Plus la planète se réchauffe, plus l’effet des changements climatiques s’accentue. WWA cite en exemple la sécheresse historique et les feux qui ont frappé l’Amazonie l’an dernier. Les feux qui ont ravagé la région de Jasper en 2024 étaient dus aux températures très élevées en partie causées par les changements climatiques.

Selon ces organismes, à but non lucratif, des 16 cas d’inondations majeures étudiés en 2024, 15 ont été amplifiés par les changements climatiques. Ceux-ci sont directement liés à l’augmentation des quantités de pluie déversées lors de ces événements, car une atmosphère plus chaude a la capacité de contenir une plus grande quantité de vapeur d’eau. Toujours selon le WWA et le CC, les changements climatiques ont ajouté 41 journées de chaleur extrême à l’année 2024 par rapport à une année normale.

Les événements météorologiques extrêmes ont atteint un nouveau sommet en 2024. Ils sont responsables de la perte de milliers de vies et du déplacement de millions de personnes.