Climat : la météo est-elle sur les stéroïdes?

Les événements de météo extrême semblent se multiplier. Les orages, ouragans, canicules, tornades ou derecho sont-ils des aléas de la météo ou des conséquences du changements climatiques ?

Est-il possible d’associer un événement météo majeur aux changements climatiques ? Beaucoup de climatologues et de météorologues se sont bien gardés de le faire depuis que le terme s’est invité dans nos vies au début des années 2000. Les scientifiques rappelaient alors que la Terre avait connu des phénomènes extrêmes depuis la nuit des temps. Selon leurs discours, il faudrait attendre plusieurs décennies avant de pouvoir se prononcer.

Souvenez-vous de la crise du verglas en 1998. On a souvent demandé aux spécialistes si cette crise était due aux changements climatiques ou si c’était un des aléas de la météo. Leur réponse : « il faut attendre afin de voir si l’événement se reproduit et à quelle fréquence ». En effet, si une catastrophe se produit en moyenne une fois tous les 100 ans, il y a donc 1 % de chance chaque année de connaître le phénomène, mais si elle se reproduit tous les 20 ans, c’est maintenant 5 % de chance de la voir chaque année.

Pointer du doigt un événement, ce n’est pas facile !

Pour comprendre le problème qu’ont les spécialistes à se prononcer, imaginez un joueur de baseball qui frappe chaque année un grand nombre de coups de circuit. En fin de carrière et voyant qu’il n’est pas aussi efficace, le joueur décide de consommer des stéroïdes afin d’améliorer ses performances. Cette année-là, au lieu de 45 coups de circuit, le joueur en frappe 50. On peut évidemment conclure que les drogues consommées ont eu un effet sur ses performances.

Mais peut-on dire avec certitude, parmi tous les coups de circuit qu’il a frappés, lesquels ont été le résultat direct des stéroïdes ? C’est la même chose pour les phénomènes extrêmes. Les conditions sont réunies pour voir une augmentation de la fréquence et de l’intensité des tempêtes, mais qui pourra dire laquelle de ces tempêtes est le résultat direct du changement climatique ?

Mais c’est en voie de changer

Cependant depuis quelques années, certaines études réussissent à démontrer un lien entre un événement météorologique et les changements climatiques. C’est le cas de l’ouragan Harvey, qui a déversé plus de 1200 mm de pluie sur la ville de Houston au Texas en août 2017. Les scientifiques ont démontré que les inondations avaient été aggravées par le changement climatique.

homes flooded after hurricane harvey in texas (michelmond/ iStock/ Getty Images Plus)

Maisons sous l'eau après l'ouragan Harvey (Source : michelmond/iStock/Getty)

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Le niveau du golfe du Mexique a monté de 15 cm depuis les dernières décennies, surtout parce que la chaleur favorise la dilatation de l’eau. Au passage d’Harvey, la température de l’eau était de 30 °C. Même jusqu’à 50 m de profondeur, le mercure indiquait plus de 28 °C. Puisqu’il faut de l’eau à au moins 26 °C pour nourrir ce genre de tempête, Harvey avait tout pour devenir explosif. Il est d’ailleurs passé de tempête tropicale à ouragan de force quatre en seulement quelques heures. De plus, dans le cas d’une tempête qui frappe une ville importante, l’urbanisation limite grandement l’écoulement et les inondations sont d’autant plus importantes.

Dans la lutte aux changements climatiques, l’économie est un volet important. En effet, toutes les facettes du dérèglement climatique ont un impact sur celle-ci. La hausse du niveau des océans nécessitera la construction de structures pour protéger les mégapoles côtières situées partout autour du globe. En seulement 14 ans, la côte atlantique a connu les cinq ouragans les plus coûteux de son histoire : Katrina en 2005 leur a coûté 180 milliards de dollars, suivi par Harvey en 2017 (143.8 milliards), Maria en 2017 (103.5 milliards), Sandy en 2012 (80 milliards) et Ida en 2021 (76.5 milliards). Est-ce le signe que les ouragans sont aussi sur les stéroïdes ?

Mise à jour d'un article publié en octobre 2019.