Une barrière contre des «tsunamis de déchets»

Julie PerreaultRédactrice

Le niveau de pollution du plus grand fleuve au Guatemala est tel que des raz-de-marée constitués de détritus se sont créés lors d’épisodes soutenus de pluie.

Une récente vidéo du Motagua, le plus important fleuve au Guatemala, montre un paysage que l’on pourrait qualifier d’apocalyptique. On y voit et y entend le bruit de tas de déchets plastiques qui s'écrasent les uns contre les autres, se froissant bruyamment lorsque le vent souffle sur le fleuve très pollué.

À première vue, il semble que pour chaque millier de déchets, une seule branche d'arbre réussit à s’immiscer dans cet amas de déchets macérant dans l'eau sale.

Un « titre » peu reluisant et un portrait peu enviable

Selon l’entreprise The Ocean Cleanup, qui développe des technologies pour réduire la pollution plastique, le Motagua serait le fleuve le plus pollué au monde. Il est estimé qu’environ 20 000 tonnes de plastique traversent ce cours d’eau vers la mer des Caraïbes chaque année.

Toujours selon The Ocean Cleanup, il y aurait plusieurs raisons à la présence de tels volumes de déchets. En premier lieu, le déversement de déchets sans autorisation est un problème local important. Également, dans un secteur plus en hauteur et à proximité du fleuve se trouve une décharge. Finalement, les fortes précipitations saisonnières génèrent d’imposants flux de détritus ainsi que ces « tsunamis de déchets ».

Malgré l'abondance de lacs et de rivières au Guatemala, les données de la Banque mondiale indiquaient en 2018 que 54 % des systèmes d'approvisionnement en eau du pays présentaient un risque élevé ou un risque imminent pour la santé humaine. Au cours des dernières années, l'accès à l'eau potable est devenu de plus en plus difficile en raison des graves sécheresses et des inondations associées aux changements climatiques.

Emprisonner les déchets

Pour minimiser la quantité de déchets qui se déversent dans l'océan, The Ocean Cleanup a conçu l'Interceptor Trashfence, un système de clôtures en acier qui empêche le passage de gros volumes de déchets.

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Interceptor 006 attempts to halt a trash tsunami, Rio Las Vacas, Guatemala. (The Ocean Cleanup)

L'intercepteur 006 tente d'arrêter un tsunami de déchets dans la rivière Las Vacas, Guatemala.

Le Trashfence utilise des concepts issus des technologies de protection contre les avalanches et les chutes de pierres. Il sera construit dans un lit de rivière asséché où des crues soudaines transportant des déchets ont lieu. Une fois que l'eau aura traversé le Trashfence, des excavatrices et des camions enlèveront les déchets capturés avant que la prochaine crue soudaine ne se produise.

Le Trashfence mesurera 50 mètres de large et 8 mètres de haut, et est encore au stade expérimental. Cependant, trois intercepteurs du genre ont été déployés à Kingston, en Jamaïque.

L’entreprise a déclaré qu'elle travaillait en collaboration avec les autorités municipales du Guatemala et espère que celles-ci seront bientôt en mesure de résoudre les problèmes de gestion des déchets domestiques.

Interceptor 006 in Las Vacas river, Guatemala, during the start of the flash flood. The Ocean Cleanup’s first Interceptor Trashfence, piloted in May/June 2022. (The Ocean Cleanup)

L’Intercepteur 006 installé sur la rivière Las Vacas, au Guatemala, au début de la crue éclair. Le premier Interceptor Trashfence de The Ocean Cleanup, piloté en mai/juin 2022. (The Ocean Cleanup)

Un bienfait décuplé

En plus des impacts sur la santé et l'environnement, des émissions importantes sont associées à la fabrication et à la décomposition du plastique. Une étude du Bennington College dans le cadre de son projet Beyond Plastics a estimé que l'industrie du plastique émet au moins 232 millions de tonnes de gaz à effet de serre par an, ce qui équivaut aux émissions de 116 centrales électriques au charbon.

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« Nos estimations suggèrent que l'arrêt du flux de plastique dans ce seul cours d’eau pourrait avoir un impact réducteur proportionnellement similaire, en matière d’émissions, que l'élimination de tous les voyages en avion pourrait avoir sur les émissions de carbone », a déclaré The Ocean Cleanup dans un communiqué de presse.

D’après un article d’Isabella O'Malley, journaliste à The Weather Network.

Image de couverture : Fleuve Motagua, Guatemala. (Source : AFPTV)